Source Hors-série de la Revue « Économie de La Réunion »

Sommaire

Au 1er janvier 2006, La Réunion compte 232 000 jeunes de 15 à 34 ans qui représentent 30 % de la population totale. Les jeunes actifs, en emploi ou chômeurs, ne sont que 137 500 à cette même date. Les plus jeunes sont en effet encore à leurs études et de nombreuses jeunes femmes ne se portent pas sur le marché de l’emploi. Les jeunes forment 42 % de la population active réunionnaise. L’évolution démographique attendue sur l’île laisse présager 158 000 jeunes actifs à l'horizon 2030, soit 41 % de l’ensemble de la population active.

Le chassé-croisé des migrations

Les jeunes réunionnais sont particulièrement mobiles ; leurs entrées et sorties modifient sensiblement la structure de la population réunionnaise. Entre 2001 et 2006, plus de 20 000 jeunes ont quitté l’île pour un autre département du territoire français. Les jeunes femmes sont aussi nombreuses que les jeunes hommes à partir. Seuls 14 500 jeunes réunionnais ont fait le chemin inverse, en majorité des jeunes femmes. Il s’opère ainsi un véritable chassé-croisé.
Le solde de ces entrées et sorties fait surtout apparaître une fuite d’élèves et d’étudiants (moins de 5 000). Sur le marché du travail, il se traduit par une diminution du nombre d’ouvriers et d’employés et par un gain de cadres et de professions intermédiaires. Au final, la population réunionnaise perd en moyenne près de 1 150 jeunes par an au jeu de ces migrations depuis 2001.

Départ des plus jeunes, arrivée de plus âgés très qualifiés

De 18 à 25 ans, les jeunes sont particulièrement exposés au départ. Le début des études supérieures apparaît comme le déclencheur de cet exode. Les jeunes actifs en recherche d’emploi sont aussi tentés par l’expérience métropolitaine. Ils sont aidés par les organismes d’aide publique à la mobilité : Cnam et ANT (aujourd'hui Ladom) qui ont pour mission de les accompagner et de favoriser leur accès à la formation professionnelle et à l’emploi. Les bénéficiaires d’une aide publique à la mobilité ont été au nombre de 4 000 par an entre 2005 et 2007. Environ quatre bénéficiaires sur dix reviennent suite à des difficultés ou pour retrouver leur famille ou saisir une opportunité d’emploi sur l’île. (Voir «Aides à la mobilité : le bilan des années 2005-2007 - Economie de La Réunion n° 133 - décembre 2008.)
En 2006, plus de 12 000 personnes de 18 à 25 ans résidant en métropole vivaient à La Réunion cinq ans auparavant. Parmi elles, se trouvent autant de garçons que de filles.
Cependant les filles sont majoritaires parmi les quelques 5 500 étudiants recensés. En revanche les garçons sont les plus nombreux parmi les presque 5 000 jeunes en emploi.
Depuis 2001, La Réunion a accueilli plus de 9 000 personnes de 26 à 34 ans. Venus de la métropole pour la plupart, ces nouveaux arrivants sont très diplômés. Plus de la moitié a fait des études supérieures et les trois quarts sont bacheliers.
Près de 6 300 sont en emploi. Ils ont d’ailleurs très souvent un contrat en poche avant même leur arrivée. Le métier d’enseignant correspond à un emploi sur dix. Les professions médicales sont aussi bien représentées avec respectivement 6 % d’infirmières et 5 % de médecins.

1 500 jeunes actifs de plus chaque année jusqu’en 2020

Le vieillissement attendu de la population réunionnaise entraînera un accroissement de la population active d’ici 2030. Selon le scénario central des dernières projections de l’Insee, le nombre d’actifs de 15 à 34 ans passera de 137 500 aujourd'hui à 158 000 personnes en 2030. Cette évolution se fera en deux étapes distinctes.
Tout d’abord, une constante progression des jeunes jusqu’en 2020. Avec une augmentation annuelle moyenne de 0,7 %, le rythme sera plus soutenu que pour l’évolution de l’ensemble de la population (1,1 %). Environ 1 500 jeunes supplémentaires par an feront leur entrée sur le marché du travail jusqu’en 2020.
Ensuite, le nombre de jeunes actifs fléchira très légèrement alors que l’ensemble de la population active réunionnaise continuera de croître.

Pierre THIBAULT, direction régionale de l'Insee

Pyramide des âges au 1er janvier 2007

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Le solde migratoire des jeunes de 2001 à 2006

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Note de lecture : chez les jeunes de 15 à 34 ans, il y a 3 200 hommes de plus à avoir quitté le département que d'hommes à s'y être installés entre 2001 et 2006.

Les flux migratoires par âge de 2001 à 2006

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Projections de populations 2006-2030

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Encadrés

Les migrations résidentielles

Il s’agit des changements de lieu de résidence sur le territoire français (France métropolitaine et Dom). La simultanéité du recensement sur ce territoire permet de connaître les caractéristiques des personnes ayant quitté La Réunion pour s’installer sur le reste du territoire français. Il en va de même pour toutes les personnes venues s’installer dans l’île. Par souci de cohérence, les nouveaux arrivants réunionnais ne provenant pas d’un département français ne sont pas pris en compte. La résidence antérieure étant celle au 1erjanvier cinq ans avant la date d’enquête.

Les projections de population

Elles ont été réalisées à partir des enquêtes annuelles de recensement de 2004 à 2006. Selon le scénario central retenu, la population réunionnaise atteindrait 1 026 000 habitants au 1er janvier 2030. Pour que ce résultat soit atteint, il faut que trois hypothèses se vérifient. Tout d’abord que la fécondité diminue lentement de 2,4 enfants par femme en moyenne actuellement à 2,1 en fin de période ; ensuite que l’espérance de vie s’accroisse comme en métropole (+ 3,2 ans d’espérance de vie à la naissance pour les femmes, + 4,3 ans pour les hommes) ; enfin, il faut que le solde des mouvements migratoires reste positif comme pendant les quinze dernières années. Dans ces conditions, La Réunion atteindrait le million d’habitants en 2026-2027.
La projection suppose aussi que les taux d’activité resteront constants dans les années à venir. Cette hypothèse est restrictive, puisque les taux d’activité, actuellement inférieurs à ceux de la France métropolitaine, devraient continuer à croître, notamment ceux de la population féminine.

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