La nouvelle Assemblée Nationale de 2017

Modifié le 16 mai 2023

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Notions clés

Un mois après les présidentielles qui ont vu la victoire d’Emmanuel Macron,  l’Assemblée nationale a été renouvelée.

Ces élections législatives des 9 et 18 juin 2017 ont confirmé le scénario désormais habituel selon lequel le nouveau Président élu bénéficie d’une majorité parlementaire conforme. Même si l’absence de majorité ou l’existence d’une majorité relative était annoncée dès le lendemain des présidentielles.

Elle est cependant plus réduite que ce qu’annonçaient les estimations publiées au soir du premier tour. Si elle est moins importante que la majorité obtenue par l’UMP en 2002 (356), et moins importante  que la majorité rassemblée en 1993 par le RPR et l’UDF (472) elle est cependant suffisamment forte puisque  La République en marche dispose de 308 sièges (soit presque 20 de plus que la majorité absolue), et avec le concours du MoDem la majorité atteint les  350 députés ce qui est particulièrement  confortable.

En d’autres termes, le Président de la République dispose des moyens parlementaires qui lui permettront de mettre en œuvre le programme sur lequel il s’est engagé lors de son élection.

La nouvelle assemblée élue (1) s’est réunie le 27 juin pour mettre en place sa nouvelle organisation (2).

1. L’élection de l’Assemblée

L’Assemblée nationale a été élue selon des règles qu’il faut rappeler avant d’examiner les résultats.

1.1. Les règles régissant l’élection

Pour voter, il faut avoir la nationalité française, être majeur, jouir de ses droits civils et politiques et être inscrit sur les listes électorales. Près de 47 millions de Français sont dans ce cas de figure : 45,678 millions de personnes, représentant 88,6 % des Français majeurs résidant en France, figurent sur les listes électorales, et environ 1,3 million de Français de l’étranger sur les listes consulaires.

1.1.1. Le scrutin

Il est régi par les lois du 11 juillet et 24 novembre 1986 qui ont été incorporées au code électoral. Elles précisent que les députés sont élus au scrutin uninominal, majoritaire à deux tours.

Est élu au premier tour le candidat qui obtient la majorité absolue. Encore faut-il qu’il ait rassemblé un nombre de voix au moins égal au  ¼  des électeurs inscrits.

Si ce n’est pas le cas, un deuxième tour a lieu le dimanche suivant où la majorité relative est requise, pour être élu.  En cas d’égalité, le plus âgé l’emporte.

Pour se présenter au deuxième tour il faut avoir été candidat au premier et avoir rassemblé un nombre de voix supérieur à 12,5% des inscrits.

Une seule fois, lors des élections de 1986, la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne dans le cadre du département,  a été appliquée. Il est question d’introduire dans un avenir proche - c’est une promesse électorale d’Emmanuel Macron - une dose de proportionnelle dans le scrutin. Une centaine de députés seraient ainsi élus, le reste continuant de l’être selon l’ancien mode de scrutin.

Traditionnellement, la circonscription électorale était l’arrondissement. Mais, en 1986 pour tenir compte des écarts démographiques qui s’étaient creusés au fil des ans, un découpage électoral a été entrepris sur une base démographique comme l’exigeait le Conseil constitutionnel  (CC, 8 août 1985, Évolution de la Nouvelle Calédonie). Avec le temps le problème est réapparu. Il a fallu procéder une nouvelle fois à un découpage, celui de 2009.

La loi constitutionnelle du 21 juillet 2008 a introduit trois modifications majeures dans le découpage des circonscriptions législatives :

  • la Constitution fixe désormais un nombre maximum de députés, celui-ci ne doit pas être supérieur à 577,les français de l’étranger, jusqu’alors représentés seulement au Sénat, sont représentés également à l’Assemblée nationale
  • une commission indépendante doit se prononcer, par un avis rendu public, sur les projets de loi visant à délimiter les circonscriptions législatives ou à modifier la répartition des sièges de députés ou de sénateurs.
  • La loi du 13 janvier 2009 a mis en place la commission indépendante, elle a également habilité le Gouvernement à procéder au découpage électoral par ordonnance. C’est ainsi que l’ordonnance  du 29 juillet 2009 a :
    • supprimé 33 circonscriptions,
    • créé 33 nouvelles circonscriptions, dont 22 dans 15 départements métropolitains et 3 collectivités d’outre-mer et 11 pour les français de l’étranger
    • modifié les contours de nombreuses circonscriptions.

La loi du 23 février 2010 est venue ratifier l’ordonnance.

1.1.2. Le calendrier

Les élections législatives se sont déroulées les 11 et 18 juin, soit un peu plus d’un mois après les présidentielles. Cette situation un peu particulière est la conséquence de la réforme que l’on a désigné par les termes d’inversion du calendrier qui elle-même complète la mise en place du quinquennat.

Le mandat des députés, dure cinq ans, il prend fin « le troisième mardi de juin de la cinquième année qui suit son élection ». En conséquence, les élections législatives se déroulent dans les soixante jours qui précèdent cette date. Ce nouveau terme du mandat des députés remonte à 2000, lorsque le quinquennat présidentiel a été instauré.

Cette réforme fut surtout mise en place pour éviter la cohabitation. Mais pour atteindre ce but, il fallait aussi procéder à l’inversion du calendrier électoral. Le mandat présidentiel s’achève cinq ans après la prise de fonction du Président. Depuis le décès de Georges Pompidou, le 2 avril 1974, l’élection présidentielle se déroule en mai. Quant au mandat des députés, il se terminait en mars tous les cinq ans. Or, en 2000, par le plus grand des hasards, les deux élections, présidentielles et législatives, devaient avoir lieu à quelques mois d’intervalle. Ainsi, les deux mandats étaient couplés. Mais, les élections législatives devaient être organisées en mars et les présidentielles en mai. La logique de la Ve privilégiant le Président, l’ordre des élections devait être inversé. Et c’est ce qui s’est passé. Le mandat des députés a été rallongé de quelques mois, faisant passer le renouvellement de l’Assemblée nationale après l’élection présidentielle.

Avec l'inversion du calendrier électoral, l'élection présidentielle devient celle qui incontestablement attribue le pouvoir et qui l'attribue évidemment au Président, ce qui a pour effet de diminuer l'importance des élections législatives puisque celles-ci ne servent qu'à donner au Président les moyens parlementaires de son action. Cette situation a entraîné une forte désaffection des électeurs pour l’élection de leurs représentants à l’Assemblée. On a pu ainsi enregistrer les taux d’abstention les plus élevés sous la Cinquième République lors de telles élections.

1.2. Les résultats de l’élection

Ce sont les résultats politiques qu’il faut examiner en premier lieu. Pour autant, les résultats examinés d’un point de vue sociologique ne sont pas sans intérêt.

1.2.1. Les résultats politiques

Ces élections ont mis en lumière  deux phénomènes, d’abord le niveau extrêmement important de l’abstention ensuite le raz de marais du parti résidentiel.

1.2.1.1. Une très forte abstention

 19581962196719681973197819811986199319972002200720122017
1er tour  %22.831.318.92018.716.829.121.530.83235.58 39.6 42.78 51.29
2tour  %25.227.920.322.218.215.124.9-32.428.939.68 40.0 44.59 57,36

Au premier tour, 51,3% des électeurs se sont abstenus soit plus de 24 millions d'électeurs. En d’autres termes ce sont  plus d'un Français sur deux, qui se sont abstenus.

Mais au second tour, l’abstention a été plus forte encore (57,36%). Ce qui veut dire que seulement quatre électeurs sur 10 sont allés voter.  Jamais les électeurs ne s’étaient si peu mobilisés pour des élections législatives sous la Ve République,

La première raison de cette faible participation est comme on l’a déjà souligné, le nouveau calendrier électoral depuis l’instauration du quinquennat. On constate aisément que depuis 2002 le taux d’abstention qui augmentait très lentement jusque-là, fait un bond de 5 % à chaque élection. Mais cette année la croissance est de 10% au premier tour et presque de 15 % au second tour.

Les élections législatives désormais n’attribuent plus le pouvoir, ce sont les présidentielles qui le font. Il faut donc dans ces conditions conforter le choix des présidentielles en d’autres termes donner au Président de la République les moyens législatifs de mettre en œuvre sa politique.

La deuxième raison de ce fort taux d’abstention réside dans  un certain désintérêt après six tours de scrutins en huit mois : primaires, présidentielles, législatives.

Pour certains, la faible participation s’expliquerait par l’existence d’une abstention « positive ». Il ressort en effet de plusieurs enquêtes réalisées par des instituts de sondage que 30% des futurs abstentionnistes ne voteront pas parce qu'ils ne soutiennent pas Emmanuel Macron, mais soit, ils ne veulent pas bloquer ou empêcher d'agir le nouveau président, soit ils pensent que, de toute façon, l'élection est jouée d'avance et que La République en marche va l'emporter très largement. Mais cette explication ne vaut que pour le premier tour.

Au second tour, nombre d’électeurs pensaient sans doute que le scrutin  était joué d’avance. Après les résultats du premier tour très favorable pour La République en Marche, toutes les projections promettaient une large majorité absolue, voire écrasante, pour le parti d’Emmanuel Macron. Démobilisés par une longue séquence électorale depuis la rentrée de septembre, les électeurs lassés ont préféré renoncer à inverser la tendance.

Quant au profil des abstentionnistes il est classique. Plus on est âgé, plus on vote. Les électeurs de plus de 60 ans ont été les plus nombreux (plus de 63%), bien loin devant les plus jeunes. Pour ce premier tour des législatives, ce sont les 25-34 ans, qui sont les champions de l'abstention, juste devant les 18-24 ans (37%).

L'abstention recule aussi à mesure que les revenus augmentent. Ainsi, dans les foyers aux revenus inférieurs à 1 250 euros mensuels, l'abstention atteint 59%. A l'inverse, 58% des électeurs dont les revenus sont supérieurs à 3 000 euros se sont rendus aux urnes. Ce qui explique que deux ouvriers sur trois s’abstiennent, tandis que près de la moitié des cadres (45%) se sont  rendus  aux urnes.

L'abstention semble en revanche être équitablement répartie sur le territoire. Les électeurs des zones rurales se déplacent à peine plus (50%) que ceux des villes (51-52%). C’est dans le grand quart Nord-est, en Ile-de-France, dans le grand-ouest (sauf la Bretagne) ou encore sur la Côte d’Azur qu’on a le moins voté.

Mais d’un département à l’autre on relève des situations différentes. Seuls 59 départements ont connu une participation supérieure à 50 %. C’est en Lozère que l’on a le plus voté en métropole, avec une participation de 59,39 %. Viennent ensuite le Lot (58,42 %), l’Aveyron (58,37 %), les Côtes-d’Armor (57,93 %) et le Gers (57,51 %).

A l’inverse, en dehors des circonscriptions des Français de l’étranger, où l’abstention a dépassé 80 %, et de la plupart des collectivités d’outre-mer, le département métropolitain où la participation a été la plus faible est la Seine-Saint-Denis, avec une abstention de 60,70 %. Elle est suivie par la Moselle (57,45 % d’abstention), le Val-d’Oise (56,09 %), la Seine-et-Marne (54,93 %) et le Haut-Rhin (54,26 %).

En métropole, le record d’abstention par circonscription a été  atteint dans la 8e circonscription du Val-d’Oise, où 67,91 % des électeurs ne se sont pas déplacés. De même, dans la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, le taux d’abstention s’est élevé à 67,39 %.

Mais, c’est dans l’unique circonscription de Wallis-et-Futuna que l’on a le plus voté, avec seulement 18,73 % d’abstention. La 11e circonscription de Paris (à cheval sur les 6e et 14e arrondissements de la capitale) est quant à elle la circonscription métropolitaine enregistrant le plus faible taux d’abstention (37,69 %).

Au second tour, la situation est sensiblement la même puisqu’en  dehors des circonscriptions des Français de l’étranger où les taux d’abstention oscillent à des niveaux jamais atteints entre 77 et 88%, c’est la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône qui enregistre le plus fort taux d’abstention avec 72,36 % d’électeurs qui ne se sont pas déplacés. Puis viennent les 2e et 4e circonscriptions de Seine-Saint-Denis, avec 70 % d’abstention.

Comme au premier tour, c’est en Lozère que l’on s’est le moins abstenu (31,78%), en  Corrèze (38,82%), dans le Gers (39,13%), dans le Lot-et-Garonne (39,42%), en Dordogne (39,48%) etc ….

Les abstentionnistes étaient plus nombreux parmi les électeurs du Front national et de la France insoumise. Marine le Pen a en effet perdu au premier tour des législatives 61 % des voix qu’elle avait obtenu lors de la présidentielle,soit un peu plus que quatre millions et demi, alors que Jean-Luc Mélenchon de son côté en perdait presque quatre millions, soit 44 %. Dans le même temps, Emmanuel Macron n’en perdait que 15 %.

Au second tour, c’est la France insoumise (- 64,61%) et le Font national (-61%) qui perdent le plus de voix par rapport au premier tour. C’est donc leur électorat qui est le plus abstentionniste.

 Voix aux présidentiellesVoix aux législatives 1 et 2 toursDifférence de voix / l’élection ou au tour précédent% de voix perdues ou gagnées

MACRON

LREM ; Modem

8.656.3467.303.026- 1.333.320- 15,4 %
8.927.222+ 1.624.196+ 18,2 %

LE PEN 

FN

7.678.4912.990.592- 4.687.899- 61 %
1 590 858- 1.399.734- 46,80 %

FILLON 

LR;UDI

7.212.9954.260.585- 2.952.410- 40,9 %
4.812.365+ 551.780+ 12,95 %

MELENCHON

LFI ; PC

7.059.9513.113.164- 3.946.787- 44 %
1.101.619- 2.011.545- 64,61 %

HAMON

PS ; PRG

2.291.2881.792.060- 499.228- 21 %
1.097.845- 694.215- 38 %

Dans ces conditions, certains préconisent l’organisation des législatives le même jour que les présidentielles. L’idée divise les spécialistes de la Constitution. Certains, comme Pascal Jan sont pour, mais bon nombre d’entre eux sont pour le statut quo. Pour Bertrand Mathieu cela « entraînerait une confusion totale et un vote à l’aveugle ». D’autres enfin préconisent une nouvelle inversion du calendrier qui placerait en premier les élections législatives.

Quelques-uns pensent que c’est le mode de scrutin qui est en cause. Avec la proportionnelle les électeurs se sentiraient soi-disant mieux représentés et donc plus motivés. La participation s’en ressentirait.

1.2.1.2. Un raz de marée présidentiel

A l’issu du premier tour, l'alliance La République en marche (LREM)-MoDem a rassemblé 32,32% des voix devant LR-UDI (21,56%), l’ensemble France insoumise-PCF (13,74%) et le Front national (13,2%). Le parti d'Emmanuel Macron est arrivé en tête dans 399 circonscriptions et celui de François Bayrou dans 52 circonscriptions. Ce raz de marais, c’est traduit dès le premier tour, de manière négative pour 122 députés sortants qui ont été défaits, certains, n'atteignant même pas, la barre des 5%…

Résultats au premier  tour

Nuances de CandidatsVoix% Inscrits% Exprimés

 

Nb Sièges

Extrême gauche175 3870,370,77 
Parti communiste français615 5031,292,72 
La France insoumise2 497 6615,2511,02 
Parti socialiste1 685 7733,547,44 
Parti radical de gauche106 2870,220,47 
Divers gauche362 3280,761,601
Ecologiste973 7392,054,30 
Divers500 4581,052,21 
Régionaliste204 0780,430,90 
La République en marche6 390 79713,4328,212
Modem932 2291,964,11 
Union des Démocrates et Indépendants687 2191,443,031
Les Républicains3 573 3667,5115,77 
Divers droite625 3951,312,76 
Debout la France265 4330,561,17 
Front National2 990 5926,2913,20 
Extrême droite68 3190,140,30 
 Nombre% Inscrits% Votants
Inscrits47 571 350  
Abstentions24 401 13251,29 
Votants23 170 21848,71 
Blancs354 3910,741,53
Nuls161 2630,340,70
Exprimés22 654 56447,6297,77

Toutefois, seuls quatre députés ont été élus à l’issu du premier tour après avoir obtenu plus de 50 % des suffrages exprimés, correspondant à au moins 25 % des inscrits. Deux le sont sous l’étiquette LREM : le député socialiste sortant Paul Molac dans le Morbihan et Sylvain Maillard, membre du comité politique de LREM, à Paris. Le député sortant Stéphane Demilly (Union des Démocrates indépendants) est élu dans la 5e circonscription de la Somme, où LREM ne soutenait pas de candidats, et Napole Polutene (divers gauche) à Wallis-et-Futuna, autre circonscription sans candidat macroniste. Dix autres candidats ont fait des scores supérieurs à 50 % des suffrages exprimés, mais n’ont pas obtenu au minimum 25 % des suffrages des inscrits en raison du très fort taux d’abstention.

 Il n’y a eu qu’une seule triangulaire au second tour le 18 juin prochain, contre 34 il y a cinq ans (sur 46 possibles, certains candidats s’étant désistés). Elle aura lieu dans la 1re circonscription de l’Aube, où Grégory Besson Moreau (LREM), Nicolas Dhuic (Les Républicains) et Bruno Subtil (Front national) se sont qualifiés en dépassant le seuil des 12,5 % des inscrits.

Dans les 572 circonscriptions restantes ce sont des duels auxquels on a assisté. Avec ses 447 qualifiés, la République en marche était  présente dans 79% des duels du second tour. Le plus souvent, ses candidats ont  affrontés ceux de LR (199 duels, dont 173 où le candidat LREM est arrivé en tête). 92 autres  duels ont opposé LREM au Front National parmi lesquels dans 11 cas le candidat frontiste était  arrivé en tête.

Le PS en revanche, avec seulement 63 candidats, ne s’est opposé au Front national que dans une circonscription et Les Républicains dans sept.

D’autres duels ont opposé les candidats d'Emmanuel Macron et ceux de Jean-Luc Mélenchon. Ce fut le cas dans 61 circonscriptions. Il y a eu 43 duels entre la République en marche et les socialistes, dont 2 seulement où le candidat PS est arrivé en tête. Dans 23 cas on a assisté à un duel LREM -UDI, 9 à un duel LREM-PC  et 9 autres à un duel LRM- divers gauche.

CANDIDATS QUALIFIES POUR LE 2E TOUR
LREMLRFNLFIPSMoDemUDI
44726312065636135
CANDIDATS ARRIVES EN TETE POUR LE 2E TOUR
LREMMoDemLRFNUDIPSLFI
39051492012113

Au second tour, sur les 7 882 candidats de la semaine précédente, 1 146 étaient toujours en lice. Ce second tour,  a été moins favorable à la majorité présidentielle. Plus précisément de nombreuses études réalisées par des instituts de sondages laissaient entendre que l’alliance LREM-MoDem emporterait de 400 à 450 sièges. Or  il n’en a rien été. Les deux formations soutenant le Président de la République ont en effet obtenu 350 sièges soit moins de 100 sièges par rapport aux prévisions les plus optimistes. Le  spectre de la fin du pluralisme à l'Assemblée nationale, voire des pleins pouvoirs au Président de la République qu’agitaient certains devait être oublié.

Il n’en demeure pas moins que l’alliance majoritaire (LREM-Modem) a rassemblé 60,65 % des sièges soit pratiquement autant que la majorité en 2007 (59,44 %), mais un peu moins qu’en 2012 (61,52 %) et loin du record de 1993 avec 83,88 %.

Cependant, il faut souligner le fait que le parti du Président de la République (LREM) dispose à lui seul de la majorité absolue ce qui n’était  arrivé que quatre fois sous la Cinquième République. La première en 1968 avec l’UDR, le parti gaulliste et la seconde en 1981 avec le parti socialiste, puis plus récemment en 2002 et 2007 en raison de l’unification de la droite et du centre au sein de l’UMP.

Résultats au second  tour

Nuances de CandidatsVoix% Inscrits% ExprimésNb Sieges
Parti communiste français217 8330,461,2010
La France insoumise883 7861,874,8617
Parti socialiste1 032 9852,185,6829
Parti radical de gauche64 8600,140,363
Divers gauche263 6190,561,4511
Ecologiste23 1970,050,131
Divers100 5740,210,553
Régionaliste137 4530,290,765
La République en marche7 826 43216,5543,06306
Modem1 100 7902,336,0642
Union des Démocrates et Indépendants551 7601,173,0417
Les Républicains4 040 0168,5422,23113
Divers droite306 2400,651,686
Debout la France17 3440,040,101
Front National1 590 8583,368,758
Extrême droite19 0300,040,101
 Nombre% Inscrits% Votants
Inscrits47 292 967  
Abstentions27 125 53557,36 
Votants20 167 43242,64 
Blancs1 397 4962,956,93
Nuls593 1591,252,94
Exprimés18 176 77738,4390,13

Missing.png

AnnéeNbre de députés de la majoritéNbre total de députés à l'Assemblée nationalePourcentage de la majorité
195820048141.58%
196226848255,60%
196728548758,52%
196838748779,46%
197326849054,69%
197827749056,53%
198132949167,00%
198628857350,26%
198830957753,55%
199348457783,88%
199732057755,45%
200239457768,28%
200734357759,44%
201235557761,52%
201735057760,65%

La droite (LR, UDI) a relativement bien résisté puisqu’elle a obtenu 130 sièges (dont 18 pour l’UDI), 7 élus étant divers droite. Ces résultats sont relativement inespérés par rapport aux projections réalisées juste après le premier tour.

Il en va différemment pour le Parti Socialiste et ses alliés radicaux de gauche qui totalisent 33 sièges (dont 30 pour le PS). 12 élus sont divers gauche, un élu appartient à EELV. Jamais dans l’histoire de la Cinquième République les socialistes n’avaient été aussi peu nombreux.

La France Insoumise pourra disposer d’un groupe parlementaire avec ses 17 élus ce qui représente un relatif succès. Quant aux communistes ils ont obtenu 10 sièges.

Le Front national revient de loin avec 8 sièges, mais pour autant il ne pourra pas constituer un groupe.

Enfin 3 nationalistes corses pour la première fois ont été élus.

1.2.2. Les résultats sociologiques

1.2.2.1. Les candidats

Ces élections ont vu s’affronter 7882 candidats dans 577 circonscriptions, soit près de 14 candidats par circonscription en moyenne. Ce chiffre est largement supérieur à 2012, mais reste en deçà du record de 2002 (8444).

NOMBRE DE CANDIDATS AUX ELECTIONS LEGISLATIVES
2002200720122017
8444724365007882

Source : Ministère de l’intérieur

Le Front national (FN) était présent dans 571 circonscriptions. Il était suivi par la France insoumise et ses  556 candidats, puis par Les Républicains  avec 480 candidats, souvent alliés avec l’Union des démocrates et indépendants (UDI, 148).

461 candidats se sont présentés sous l’étiquette La République en marche (LREM). Le mouvement d’Emmanuel Macron a laissé 76 circonscriptions au MoDem et 40 circonscriptions libres, comme celle  de la première de l’Essonne, où LREM a renoncé à présenter un candidat contre Manuel Valls. Le PS alignait 414 candidats, le Parti radical de gauche (PRG) 62 et le Parti communiste 461.

Le nombre de candidats par circonscription au premier tour était relativement important puisqu’il atteignait en moyenne  14 candidats.

La circonscription la plus disputée a été  la 9e des Français de l’étranger où 27 candidats étaient présents au premier tour pour représenter le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. Pour ce qui est des départements, Paris a été le plus convoité avec 21 candidats en moyenne dans ses 18 circonscriptions.

A l’inverse, seulement trois candidats se sont affrontés à Wallis-et-Futuna. Alors qu’en métropole, seulement sept candidats étaient présents  dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud.

Le profil type du candidat aux législatives était  un homme, CSP plus, âgé de 48,5 ans.

En effet, 42,4 % des candidats étaient des femmes, soit 3 341 candidates contre  40 % lors des législatives de 2012. Seuls deux partis ont présenté plus de femmes que d’hommes : le Parti radical de gauche et LREM. Si le FN et le MoDem respectent à peu près la parité, ce n’est pas le cas de la France insoumise (47 % de femmes) et encore moins du Parti socialiste (44 %) et des Républicains (39 %).

Si l’âge moyen des candidats était de 48,5 ans, l’âge médian (la moitié se situant au-dessus, l’autre moitié au-dessous), était plus élevé dans les partis de gauche radicale : 54 ans pour les communistes, l’extrême gauche ou la France insoumise ; contre 47 ans pour le FN et 46 ans pour La République en Marche.

La catégorie socio-professionnelle des « cadres de la fonction publique et des professions intellectuelles et artistiques » était  la mieux représentée (19,35 %). Les cadres d’entreprises étaient également nombreux, avec 1 102 candidats (soit 14 % du total), ainsi que les retraités (13,60 %) et les professions libérales (9 %). Les ouvriers (1,75 %), les agriculteurs (1,38 %) ou les artisans (1,1 %) étaient  parmi les candidats les moins nombreux.

Sur le plan professionnel ce sont les professeurs du secondaire (473 candidats), les chefs d’entreprises (376 candidats) ou encore des fonctionnaires (780 candidats, catégories A, B et C confondues) qui ont le plus, fait acte de candidature. 267 étudiants étaient également candidats, ils étaient donc plus nombreux que  les ingénieurs (241) ou que les avocats (163).

NOMBRE DE CANDIDATS PAR CATEGORIES SOCIO PROFESSIONNELLES
SalariéCadreProf. libéraleFonctionnaireOuvrierPolitiqueEtudiantRetraitéSans prof.Autre
1789137914098213721362671072417219

Six membres du gouvernement se sont présentés en sachant qu’en cas d’échec ils devraient abandonner leur activités ministérielles : le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, dans l’Eure ; la ministre des outre-mer, Annick Girardin, à Saint-Pierre-et-Miquelon ; la ministre des affaires européennes, Marielle de Sarnez, à Paris ; le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Christophe Castaner, dans les Alpes-de-Haute-Provence ; le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, à Paris et, dans le Finistère, le ministre de la cohésion des territoires, Richard Ferrand.

1.2.2.2. Les élus

  • †Un profond renouvellement

Le candidat Macron a mis en avant durant la campagne le thème du renouvellement de la classe politique alors que Jean-Luc Mélenchon prônait le « dégagisme ». Tous deux ont été entendus par les électeurs. Mais d’autres raisons expliquent  aussi le profond renouvellement que l’on a pu constater au soir du premier tour. Parmi les 577 députés sortants, 361 avaient choisi de se représenter, tandis que 207 y ont renoncé. Dans ces conditions, au moins 211 circonscriptions ont fait l’objet d’un renouvellement. Ce n’était le cas  que de 143 circonscriptions en 2007 et 234 en 2012.

Au soir du second tour, seuls 145 des 361 députés qui se représentaient ont été élus. Sur les 577 députés de la nouvelle législature, 432 n’étaient pas élus en 2012. Dans la nouvelle assemblée, subsistent 142 députés présents lors de la dernière législature soit moins de 25%.

Ce taux de renouvellement de 75% est un record sous la VRépublique.  Habituellement, seuls 120 à 270 sièges changent de titulaire à chaque législature… Il est essentiellement explicable par la démarche de  LREM qui a volontairement choisi une part importante de candidats nouveaux.

La loi de 2014 interdisant le cumul d’un mandat parlementaire et de fonctions exécutives locales explique aussi  la situation. Ainsi, parmi ceux qui ont donné la préférence à leur fonction de maire, on dénombre plusieurs personnalités  comme la maire de Rennes, Nathalie Appéré, le maire de Meaux, Jean-François Copé, ou encore le maire de Châlons-en-Champagne, Benoist Apparu. D'autres élus ont également choisi leur fonction de président de région ou de département. C'est le cas de la présidente du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga, du président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian et du président du conseil départemental de la Charente-Maritime (et président de l'Assemblée des départements de France), Dominique Bussereau.

D’autres n’avaient pas choisi entre leurs deux mandats reportant leur décision en cas de succès. Chez les Républicains, 40% des députés sortants qui se présentent à leur succession étaient dans cette situation. Chez les centristes de l'UDI, cette proportion a même atteint 46%. En revanche, les députés socialistes se trouvant dans cette situation n’étaient  que 8%.

Parmi les 24 ministres ou secrétaires d'Etat ayant servi sous le quinquennat de François Hollande et candidats aux législatives, 12 ont été éliminés au soir du premier tour. Benoît Hamon,  Christian Eckert, Aurélie Filippetti, Kader Arif,   Ségolène Neuville, Emmanuelle Cosse, Juliette Méadel,  Matthias Fekl, Pascale Boistard, Christophe Sirugue, Cécile Duflot, François Lamy.

  • †Un rajeunissement important

L’âge moyen des députés est de 48 ans et 240 jours. Le rajeunissement des représentants de la Nation est important puisqu’ils sont plus jeunes de cinq ans par rapport à leurs prédécesseurs de 2012  (53 ans et 195 jours).

Tranche d’âge

Nombre

2007

%

2007

Nombre

2012

%

2012

Nombre

2017

%

2017

moins de 30 ans20,3 %20,34%295,02%
de 30 à 39 ans213,6 %539,18%10017,33%
de 40 à 49 ans13523,3 %13423,22%17129,63%
de 50 à 59 ans23941,4 %18832,58%17730,67%
de 60 à 69 ans16829,1%18431,88%8715,07%
plus de 70 ans122,0 %162,77%132,25%

Les moins de 30 ans sont nettement plus nombreux qu’en 2012 (29 contre 2) tous comme les 30 à 40 ans (100 contre 53). Les plus jeunes Typhanie Degois et Ludovic Pajot n’ont que 24 ans.

Les plus de 50 ans sont moins nombreux, que ce soient les 50 à 60 ans (177 contre 188 en 2012)  ou encore les 60 à 70 ans (87 contre 184). C’est Bernard Brochand (Les Républicains), qui est le doyen à 79 ans, il présidera donc la première séance de l'Assemblée nationale et supervisera les opérations de vote de l'élection du prochain président de l'Assemblée.

  • Une parité en net progrès

Dans la nouvelle Assemblée, siègeront 223 femmes, soit 38,65 % des 577 sièges de députés. Elles n’étaient que 155 – soit 26,9 % – sous la précédente législature, ce qui constituait déjà un record. Il avait fallu attendre 1997 pour dépasser 10 % d’élues au Palais-Bourbon, après les 33 pionnières de 1945 (5,6 %).

C’est la République en marche qui compte la part la plus importante de femmes dans ses rangs avec 47 % d’élues, devant le MoDem (46 %) et la France Insoumise (41 %). Le Parti socialiste compte 38 % d’élues, le Front national 25 %, Les Républicains 23 % (contre 14 % en 2012), le PCF 20 % et l’UDI 17 %. Les trois représentants du Parti radical de gauche de la nouvelle Assemblée sont des femmes.

S’il en est ainsi, c’est parce que les candidates étaient plus nombreuses que par le passé. Les partis ont en effet investi 3 344 candidates aux élections législatives, soit 42,4% de l’ensemble des candidatures enregistrées. Elles étaient 40 % en 2012 et 41,6 % en 2007. Là encore c’est La République en marche qui a présenté 50,3 % de candidates, le FN 49,2 %, La France Insoumise 47,5 %, le PS 44,2 %, Les Républicains 38,9 % et l’UDI 39,2 %.

ÉlectionNombre de
 femmes
Nombre total
 de députés
Pourcentage
195885791,4 %
196284821,7 %
1967114872,6 %
1968104872,1 %
1973124902,4 %
1978214914,3 %
1981364917,3 %
1986345775,9 %
1988335775,7 %
1993355776,1 %
19976357710,9 %
20027157712,3 %
200710757718,5 %
201215557726,9 %
201722357738,6 %
  • Une répartition socioprofessionnelle en évolution

La majorité des 577 députés est issue de catégories socioprofessionnelles (CSP) supérieures. Les cadres du privé et du public avec 135 élus représentent à eux seuls 20 % de la nouvelle assemblée. Les  chefs d'entreprise sont plus nombreux (41) qu’en 2012. On trouve également des fonctionnaires (82), des enseignants (71), des professions juridiques (43) et médicales (41), ainsi que des ingénieurs (15) et des journalistes (6).

Cette forte présence de CSP supérieures s’explique sans doute par l’important niveau de formation des élus.

Ainsi, l’immense majorité des députés sont diplômés de l’enseignement supérieur, alors que c’est le cas d’environ un quart des Français du même âge. Les filières les plus représentées, sont le droit (82 députés) et Sciences Po (81) devant les écoles de commerce (46), les études médicales (46) et les écoles d’ingénieur (34). Un certain nombre de députés sont diplômés de grandes écoles prestigieuses parmi lesquelles il faut citer l’ENA (17) et HEC (10). L’assemblée comprend également 34 docteurs, dans des disciplines variées comme l’urbanisme, l’informatique, le  droit, l’économie, la médecine  ou encore les  mathématiques. On compte même dans ce dernier domaine un député, Cédric Villani (LRM, Essonne) qui est le premier lauréat de la médaille Fields à siéger dans un parlement.

A l’inverse, seuls cinq députés sont titulaires d’un CAP ou d’un BEP. C’est ce qui explique sans doute le fait que certaines professions sont quasi-inexistantes comme les commerçants (1%) et les ouvriers ou employés (4%).

Le rajeunissement des parlementaires s’est traduit par une diminution sensible des retraités qui étaient 87 en 2012 (15%) et sont désormais 41 (7%).

Enfin, ceux qui faisaient  de la politique leur profession, sont également moins nombreux puisqu’ils étaient 44 en 2012. Ils ne sont désormais plus que 29.

  • †Un cumul de mandats en baisse
Députés exerçant un mandat de :200720122017
Maires25243.38%25043.32% 13523,39%
Présidents d’Intercommunalités  9115.77%   
Présidents de Conseils généraux223.81%122% 40,6%
Conseillers généraux ou départementaux15727.20%15526.86% 7416,82%
Présidents de Conseils  régionaux81.380.86% 0 
Conseillers régionaux9516.46%8314.38% 478,14%

en comptant le Président de l’assemblée de Corse

412 députés élus le 18 juin disposaient d’au moins un autre mandat à la date de leur élection. On dénombre au total 270 élus municipaux, 78 départementaux et 64 régionaux.

2 sénateurs, Luc Carvounas et Béatrice Descamps ainsi que 4 députés européens Louis Aliot, Marine Le Pen (Front national), Constance Le Grip (Les Républicains) et Jean-Luc Mélenchon (France insoumise),  vont devoir abandonner un mandat avant son terme.

De plus, 17 députés ont déjà exercé des fonctions ministérielles. Manuel Valls sera le seul ancien premier ministre siégeant à l'Assemblée nationale.

Finalement, seuls 165 députés siègent à l’Assemblée sans avoir exercé de mandat électif, parmi lesquels une petite centaine a déjà occupé des postes proches du pouvoir politique, dans les ministères, les collectivités locales ou auprès d’élus. Seuls deux députés de la droite et du centre droit n’ont jamais exercé de mandat électif avant d’être élu à l’Assemblée nationale.

Parmi les cumulards, au moins 223 députés devront abandonner un mandat en juillet en raison de la  loi de 1914 sur le non cumul des mandats parlementaires et d’une fonction exécutive locale. Sur ces  députés, 83 sont issus des rangs des Républicains, 54 de La République en marche, 20 du MoDem et 13 de l'UDI notamment.

En cas de cumul interdit par la loi, le député conserve automatiquement le mandat le plus récemment acquis. S’il ne fait pas un choix dans le délai d’un mois suivant son élection à l’Assemblée, il est considéré comme démissionnaire d’office du mandat le plus ancien.

Députés exerçant :
 1 mandat2 mandats3 mandats4 mandats+ d’1 mandat
201213925215333438
201724185--326

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Auteur(s) :

FERRETTI Raymond

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