L’enquête emploi 2013 en Guyane : Stabilité du chômage depuis cinq ans

Modifié par Jean-Michel Carsuzaa le 27 septembre 2018

Auteur : Pierre-Eric Treyens

Au deuxième trimestre 2013, le taux de chômage en Guyane est de 21,3 %. Il reste bien supérieur au taux métropolitains qui s’établit à 10 %. Les jeunes sont les plus touchés par le chômage mais les plus diplômés intègrent plus facilement le marché du travail. Le taux d’emploi en Guyane s’élève à 45 %. C’est le taux le plus faible des départements français d’Amérique (DFA).

Sommaire

Au deuxième trimestre 2013, le taux de chômage au sens du BIT(1) s’élève à 21,3 % en Guyane côtière, niveau stable depuis maintenant près de cinq années.
Avec 16 000 chômeurs au sens du BIT, le taux de chômage guyanais est, depuis de nombreuses années, largement supérieur à celui de la France hexagonale qui se situe autour des 10 %. Le taux de chômage des femmes de 15 à 64 ans est supérieur de presque dix points à celui des hommes (26,5 % contre 16,9 %).
Cette situation distingue fortement le territoire des autres DFA et de la France hexagonale où l’écart n’est que de 4 points en Guadeloupe et quasiment nul en Martinique et en métropole.

(1) Ces données portent sur la population de 15 ans et plus, et donc diffèrent légèrement des données sur la population des 15-64 ans (cf. définition chômeurs au sens du BIT

La situation des jeunes sur le marché du travail s’améliore

L’âge est une autre caractéristique discriminante quant au fait d’être ou non au chômage. Ainsi, les moins de 25 ans subissent un taux de chômage de 44,8 % quand les 25-49 ans et les 50-64 ans connaissent des taux de respectivement 20,5 % et 15,3 %. La situation des plus jeunes est moins détériorée qu’en Martinique et en Guadeloupe dont les taux de chômage des plus jeunes sont de 68,2 % et 59,8 %. Le diplôme reste la meilleure protection contre le chômage. En effet, 5,5 % des diplômés du supérieur se retrouvent au chômage quand 35,2 % des Guyanais sans aucun diplôme, 21,8 % des titulaires d’un BEP ou d’un CAP et 11,7 % des bacheliers s’y retrouvent.

Les moins de 25 ans en difficulté face au marché de l'emploi
Taux d'activité, d'emploi et de chômage au deuxième trimestre 2013 en Guyane
en effectifs et pourcentage

InactifsActifsDont actifs occupésDont chômeursTotal
Hommes
15-24 ans13 8044 0462 3551 69117 850
25-49 ans5 36624 69821 1013 59730 064
50-64 ans3 61710 2108 9051 30513 827
15-64 ans22 78738 95432 3616 59361 741
15 ans et plus27 64339 46832 8756 59367 111
Femmes
15-24 ans14 6252 9741 5231 45117 599
25-49 ans12 45124 86818 3266 54237 319
50-64 ans5 5807 8506 3911 45913 430
15-64 ans32 65635 69226 2409 45268 348
15 ans et plus38 27935 93426 4829 45274 213
Ensemble
15-24 ans28 4297 0203 8783 14235 449
25-49 ans17 81749 56639 42710 13967 383
50-64 ans9 19718 06015 2962 76427 257
15-64 ans55 44374 64658 60116 045130 089
15 ans et plus65 92275 40259 35716 045141 324

Taux d'activitéTaux d'emploiTaux de chômage
Hommes
15-24 ans22,713,241,8
25-49 ans82,270,214,6
50-64 ans73,864,412,8
15-64 ans63,152,416,9
15 ans et plus58,849,016,7
Femmes
15-24 ans16,98,748,8
25-49 ans66,649,126,3
50-64 ans58,547,618,6
15-64 ans52,238,426,5
15 ans et plus48,435,726,3
Ensemble
15-24 ans19,810,944,8
25-49 ans73,658,520,5
50-64 ans66,356,115,3
15-64 ans57,445,021,5
15 ans et plus53,442,021,3

Champ : les Guyanais de 15 ans et plus.
Lecture : 13 804 hommes entre 15 et 24 ans sont inactifs au deuxième trimestre 2013 en Guyane.
Source : Enquête Emploi dans les DOM 2013, Insee.

Les Guyanaises basculent plus souvent que les Guyanais du chômage vers l’inactivité

Parmi les chômeurs de 15 à 63 ans(2) au deuxième trimestre 2012, 41 % le sont encore l’année suivante, 18 % d’entre eux ont trouvé un emploi et les 41 % restants ont basculé dans l’inactivité. Le profil de la Guyane se distingue nettement de celui des autres DFA. Les chômeurs guyanais au deuxième trimestre 2012 basculent beaucoup plus facilement vers l’inactivité qu’en Guadeloupe (19 %) et en Martinique (23 %) au deuxième trimestre 2013. Les femmes au chômage en 2012 ont plus souvent basculé vers l’inactivité que les hommes, 48 % contre 30 %. Inversement, les chômeurs guyanais ont plus facilement retrouvé un emploi que les femmes, 24 % contre 14 %.
Plus de 18 000 inactifs guyanais se retrouvent dans le halo du chômage. Ces personnes se situent dans une zone floue, entre chômage et inactivité. Elles souhaitent travailler mais ne sont pas immédiatement disponibles ou ne recherchent pas activement un emploi. Au final, elles sont plus nombreuses que les personnes au chômage.

(2) - Pour étudier la population dont l’âge est inférieur à 65 ans en 2013, il faut se restreindre à celle dont l’âge est inférieur à 64 l’année précédente.

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La Guyane, le DFA ayant le taux d’emploi le plus faible

Au deuxième trimestre 2013, le taux d’emploi des 15 à 64 ans(3) en Guyane côtière, est de 45 %. Ce taux reste toujours largement en-dessous de celui de la France exagonale(4) (64 %).
Ce taux d’emploi se situe légèrement en dessous de celui observé en Guadeloupe (48,2 %), et il est bien inférieur à celui de la Martinique (51,6 %), deux territoires qui connaissent pourtant des difficultés similaires.

(3) - Jusqu’en 2010, 65 ans était l’âge du taux plein automatique. Avec la réforme des retraites de 2010, ce dernier a été porté à 67 ans mais le seuil de 65 ans reste la norme établie dans la plupart des publications.
(4) - En métropole, l’enquête emploi est faite en continu. Cette méthodologie est utilisée également depuis 2013 pour les DOM. (cf. encart méthodologique).

Les hommes plus souvent en emploi que les femmes

Le taux d’emploi diffère selon le genre. Un homme de 15 à 64 ans sur deux est en emploi pour une femme sur trois. Ainsi, dans les professions les moins féminisées, on trouve des taux d’emploi supérieurs. Par exemple, les ouvriers et les artisans sont les professions les moins paritaires (avec respectivement 87 % et 75 % d’hommes). Dans les professions intermédiaires et chez les employés, les hommes sont sous-représentés (respectivement 48 % et 32 %).

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Plus le diplôme est élevé, plus l’emploi est accessible

En Guyane comme dans les autres DFA, le diplôme est un atout pour accéder à l’emploi. Respectivement 86 % et 91 % des titulaires d’un diplôme du premier et du deuxième cycle universitaire sont en situation d’emploi. Inversement, les non diplômés ont nettement plus de difficultés à intégrer le marché du travail (seulement 27 % d’entre eux ont occupé un emploi en 2013). Les titulaires d’un baccalauréat et ceux d’un BEP ou d’un CAP s’intercalent entre ces deux catégories.
L’âge est le critère le plus discriminant en terme de taux d’emploi. Le taux d’emploi des moins de 25 ans n’est que de 11 % quand celui des 25-49 ans atteint 59 % et celui des 50-64 ans 56 %. Ce taux extrêmement bas chez les plus jeunes s’explique notamment par la forte inactivité qui caractérise cette population largement scolarisée, ce qui donne un taux d’emploi hors scolarisé de 26,6 %. Au final, sur cinq jeunes, 2 sont scolarisés, un en emploi, un au chômage et un est inactif, alors que dans l’hexagone sur 5 jeunes, 3 sont scolarisés, un en emploi, 0,5 au chômage et 0,5 inactif.

Le taux de maintien en emploi augmente avec l’âge

Près de 85 % des Guyanais ayant entre 15 et 63 ans5 et étant en emploi en 2012 le sont toujours une année après. Ce taux place la Guyane légèrement derrière la Martinique (89 %) et la Guadeloupe (89 %). Si le genre n’a pas d’effet sur le maintien en emploi, les diplômés du supérieur résistent mieux à la sortie de l’emploi que les individus sans diplôme (95 % contre 72 %). Les titulaires d’un baccalauréat, d’un BEP ou d’un CAP ont un taux de maintien en emploi proche des 90 %. L’âge est là encore la variable la plus pénalisante quant au maintien dans l’emploi. A peine deux tiers des Guyanais de moins de 25 ans restent en situation d’emploi en 2013 après l’avoir été en 2012 quand 86 % des 25-49 ans et 86 % des 50-64 conservent un emploi.

(5) - Pour étudier la population dont l’âge est inférieur à 65 ans en 2013, il faut se restreindre à celle dont l’âge est inférieur à 64 l’année précédente.

Définitions

La population active regroupe la population active occupée et les chômeurs. La population active occupée, aussi appelée « population active ayant un emploi », comprend les personnes ayant exercé une activité rémunérée, ne serait-ce qu’une heure, au cours d’une semaine de référence, semaine précédant juste l’interrogation du ménage. Elle comprend aussi les personnes pourvues d’un emploi mais qui en sont temporairement absentes : congé maladie de moins d’un an, congés payés, congé de maternité, formation rémunérée par l’employeur, chômage technique ou partiel,... Les aides familiaux, les militaires du contingent, ainsi que les stagiaires rémunérés font aussi partie de la population active occupée.

Parmi les personnes qui ne sont pas classées dans la population active occupée, sont considérées comme chômeur au sens du bureau international du travail (BIT) les personnes disponibles de 15 ans et plus pour prendre un emploi dans les 15 jours et qui, soit ont fait des démarches de recherche d’emploi dans le mois précédent, soit ont déjà trouvé un emploi commençant dans les trois mois suivant. Enfin, les inactifs sont les personnes qui ne sont pas classées dans la population active.

Le taux d’activité (respectivement taux d’emploi) d’une classe d’âge est le rapport du nombre d’actifs (respectivement actifs occupés) de la classe d’âge à la population totale de la même classe d’âge. Le taux de chômage rapporte quant à lui le nombre de chômeurs au nombre d’actifs de la tranche d’âge considérée. Lorsqu’une tranche d’âge comporte une forte proportion d’inactifs, comme c’est le cas pour les jeunes de 15 à 24 ans, le taux de chômage est beaucoup plus élevé que la part de chômage.

Le « halo » du chômage regroupe les personnes qui n’ont pas d’emploi, qui souhaitent travailler, mais qui ne sont pas considérées comme au chômage selon les normes du BIT, car elles ne sont pas disponibles pour travailler dans les deux semaines ou (et) n’ont pas effectué de démarches actives de recherche d’emploi dans le mois précédent.

Source

L’Enquête Emploi annuelle DOM (EEDOM) existe depuis 1993 dans les DOM et depuis 2001 sous sa forme actuelle. C’est une enquête annuelle qui répond aux mêmes objectifs que l’enquête Emploi en continu, à savoir fournir des statistiques sur la situation des personnes sur le marché du travail : activité, chômage, emploi, inactivité, selon les concepts définis par le BIT.
Ainsi, l’EEDOM fournit de nombreuses informations sur l’état du marché du travail dans les DOM (volume de la population active et du chômage, caractéristiques des personnes présentes sur le marché du travail et évolution d’une année sur l’autre), ainsi que sur la formation des jeunes arrivant sur le marché du travail.
L’enquête Emploi annuelle a lieu chaque année de mars à juin auprès des personnes de 15 ans ou plus vivant dans des résidences principales à caractère non collectif. Le champ de l’enquête est l’ensemble des logements dits « ordinaires », c’est-à-dire les résidences principales à caractère non collectif.
L’ensemble des personnes de 15 ans et plus vivant dans ces logements est interrogé.
Les ménages sont interrogés pendant trois ans. La première interrogation se déroule en face à face, les deux autres par téléphone. Compte tenu de l’extension de l’enquête emploi en continu dans les DOM, l’enquête annuelle de 2013 sera la dernière et aucune enquête complémentaire n’y est adossée cette année.
En 2013, 2 000 ménages sont interrogés en Guyane pour 4 350 personnes répondantes.
Pour des raisons d’accessibilité et de coût, certains secteurs sont exclus du champ géographique ; l’intérieur des terres et certains IRIS difficiles d’accès en Guyane.

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