Auteur : Hugues HORATIUS-CLOVIS

Si les tendances démographiques récentes se maintiennent, la population guyanaise sera de 574 000 habitants en 2040. Le rythme de croissance démographique serait soutenu mais il se tasserait d’ici là. L’excédent naturel serait le moteur de cette croissance et le solde migratoire resterait positif. La population guyanaise demeurerait relativement jeune malgré une part croissante de personnes âgées.

Sommaire

À l’horizon 2040, la Guyane sera peuplée de 574 000 habitants, si les tendances démographiques récentes en termes de fécondité, de mortalité et de migrations se prolongent. La population guyanaise augmenterait de 361 000 personnes par rapport au 1er janvier 2007, elle serait multipliée par 2,7 en trente ans. Les projections de population à l’horizon 2040 confirment le précédent exercice de projection à l’horizon 2030 publié en février 2008.

Une forte croissance démographique qui ralentirait d’ici 2040

La Guyane serait de loin la région française la plus dynamique avec une croissance annuelle moyenne de la population de 3,1 % entre 2007 et 2040. Elle serait suivie par La Réunion, avec 0,9 % par an sur la même période, et des régions de France métropolitaine les plus dynamiques à savoir Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Ces régions méridionales auraient une croissance de la population deux fois plus rapide qu’au niveau national soit de 0,8 % par an.
L’évolution démographique régionale serait tout à fait singulière par rapport aux départements antillais. La Guyane deviendrait, à partir de 2030, la région la plus peuplée des trois. En effet, la population de la Martinique augmenterait très faiblement au cours des trente prochaines années alors que celle de la Guadeloupe stagnerait. Sur la période 2007-2040, ces deux régions connaitraient d’abord une phase de faible hausse de la population puis amorceraient une phase de décroissance à partir de 2025 pour la Guadeloupe et de 2035 pour la Martinique.
La croissance démographique guyanaise resterait forte mais elle se tasserait. De 3,9 % entre 1999 et 2007, le rythme de croissance de la population devrait être en moyenne de 3,1 % par an entre 2007 et 2040. Le dynamisme démographique faiblirait d’ici 2040. D’une croissance annuelle de 3,4 % entre 2007 et 2020, la population guyanaise ne progresserait plus que de 2,6 % par an entre 2030 et 2040, soit un niveau inférieur à ceux du demi-siècle passé. Ce ralentissement viendrait du solde naturel et du solde migratoire avec une influence plus marquée de ce dernier.

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Le solde naturel moteur du dynamisme démographique

Comme au cours des vingt dernières années, le solde naturel serait le principal moteur de la croissance démographique. Les naissances seraient année après année nettement supérieures aux décès sur la période 2007-2040. Dans le même temps, le solde migratoire continuerait à contribuer à l’augmentation de la population. Les arrivées sur le territoire régional demeureraient supérieures aux départs.
Le poids de l’excédent naturel se renforcerait entre 2007 et 2040. Il expliquerait 80 % de l’augmentation de la population guyanaise sur cette période, après 72 % sur la période 1999-2007. Il augmenterait car le solde migratoire se dégraderait plus vite que le solde naturel. Avec un maintien du nombre d’enfants par femmes à la valeur de 2007 (3,7) et des gains d’espérances de vie parallèles à la tendance nationale, les décès augmenteraient un peu plus vite que les naissances, d’où une baisse du solde naturel.
La diminution de ces deux composantes démographiques conduirait au tassement de la croissance de la population. Sur la décennie 2030-2040, la Guyane serait une des rares régions françaises dont les soldes naturels et migratoires resteraient positifs avec l’Alsace, la Franche- Comté, Rhône-Alpes et Pays de la Loire. La majorité des régions françaises ne devraient leur croissance qu’à leur solde migratoire. 

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Une population jeune mais où le poids des personnes âgées s’accroît

En 2040, la Guyane demeurerait, de loin, la région française la plus jeune avec un âge moyen de 30 ans, 10 ans de moins que la seconde région la plus jeune (La Réunion) et 13 ans de moins qu’au niveau national. Cet âge moyen augmenterait toutefois de quatre ans par rapport à 2007 notamment du fait de l’allongement de la durée de la vie.
La structure par âge de la population guyanaise ne serait pas fondamentalement modifiée en 2040. Quatre guyanais sur dix seraient âgés de moins de 20 ans et environ cinq sur dix entre 20 et 59 ans.
La part des moins de 20 ans et des 20-59 ans diminuerait au profit de la population de plus de 60 ans. Le poids des personnes âgées serait deux fois plus important en 2040 qu’en 2007. Mais à 12 % de la population régionale, il serait près de trois fois moindre que celui de la population de la France. C’est en particulier aux grands âges que la progression des effectifs serait la plus forte, il y aurait huit fois plus de personnes âgées de 80 ans ou plus qu’aujourd’hui, ce qui posera la question de la prise en charge des seniors.
En 2040, comme dans toutes les régions françaises, hors Île de France, les inactifs potentiels (moins de 20 ans et plus de 60 ans) seraient plus nombreux que les actifs potentiels (20-59 ans) alors qu’aujourd’hui la Guyane est la seule région dans cette situation. Contrairement aux autres régions, en Guyane et à La Réunion cela serait plutôt du fait des populations jeunes que des personnes âgées. On compterait 112 personnes d’âge inactif pour 100 d’âge actif en Guyane. Avec respectivement 154 et 164 inactifs potentiels pour 100 actifs potentiels, la Martinique et la Guadeloupe seraient les régions ayant le plus fort ratio de dépendance économique.

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Le poids des séniors s'accroit 
Répartition de la population guyanaise par grands groupes d'âges

2007202020302040

effectif%effectif%effectif%effectif%
Moins de 20 ans94 38944,3138 00042,3183 00041,5232 00040,5
20-59 ans106 02149,8163 00049,2212 00047,9271 00047,3
60-79 ans10 8125,125 0007,440 0009,057 0009,9
80 ans ou plus1 8110,94 0001,17 0001,614 0002,4

Source : Insee, Omphale 2010

Forte croissance démographique quel que soit le scenario

Quel que soit le scenario retenu, la population de la Guyane augmenterait très fortement à l’horizon 2040. Le scenario le moins favorable correspond à celui avec une hypothèse basse sur les migrations, il conduirait à une population 2,3 fois supérieure à celle de 2007. Á l’inverse, avec le scenario « migrations hautes », la population projetée en 2040 serait 3,1 fois plus grande qu’en 2007. Sur la base de ces deux scenarii extrêmes, la population guyanaise serait comprise entre 482 000 et 665 000 d’ici 2040.
Les autres scenarii alternatifs permettent de mesurer l’impact des hypothèses de fécondité et de mortalité. Les résultats obtenus restent proches de ceux du scenario central, en particulier pour les évolutions liées aux décès.

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Sources

Les projections de populations se fondent sur un modèle baptisé Omphale 2010. Ce modèle est basé sur les populations régionales par sexe et âge au 1er janvier 2007 issues du recensement de la population. Il applique, pour chaque sexe et âge, des quotients d’émigrations entre zones de départs et d’arrivée, ainsi que des quotients de fécondité et de mortalité. Les divers quotients sont déterminés en ne prenant en compte que les tendances de fécondité, mortalité et de migrations observées par le passé. Ces projections ne peuvent donc pas s’assimiler à des prévisions : les hypothèses retenues ne sont pas probabilisées.

Les différents scenarii

Le scenario central

Les projections de population ont été élaborées avec les hypothèses du scenario dit « central » :

  • la fécondité de la région est maintenue à son niveau de 2007, soit 3,67 enfants par femmes.
  • la mortalité baisse au même rythme qu’en France où l’espérance de vie atteindrait 83,1 ans pour les hommes et 88,8 ans pour les femmes en 2040;
  • les quotients migratoires, calculés entre 2000 et 2008, sont maintenus constants sur toute la période de projection. Ils reflètent les échanges de population entre la région et les autres régions de France d’une part et entre la région et l’étranger d’autre part.

Des variantes possibles

Des variantes ont été constituées pour mesurer l’impact d’évolutions qui, sur chaque composante, différeraient de celles retenues dans le scenario central.

Pour la fécondité, le scenario « fécondité haute » fait converger la fécondité de la région vers une valeur cible en 2015 qui correspond à l’Indice Conjoncturel de Fécondité de la zone en 2007 augmenté de 0,15.

Au-delà, la fécondité ainsi atteinte est maintenue.
Pour le scenario « fécondité basse », c’est la valeur de l’ICF de la zone moins 0,15 qui sert de cible en 2015.
Pour la mortalité, le scenario « espérance de vie haute » fait évoluer l’espérance de vie de la région parallèlement à l’évolution nationale du scenario correspondant. Ce dernier est établi selon des gains progressifs d’espérance de vie à la naissance, qui atteint environ 90,6 ans pour les femmes et 84,9 ans pour les hommes en 2040.
Pour le scenario « espérance de vie basse » qui fonctionne selon le même principe, les valeurs s’élèvent à 87,1 ans pour les femmes et 81,4 ans pour les hommes.
Pour les migrations, le scenario sans migrations est une projection pour laquelle l’ensemble des échanges migratoires, entre régions et avec l’étranger, sont considérés nuls. Il constitue une variante intéressante pour appréhender leur impact sur les projections régionales. Les scenarii « migrations hautes » et « migrations basses » correspondent à des hypothèses d’évolution du solde migratoire avec l’étranger de plus ou moins 50 %.
Les scenarii « population haute » et « population basse » rassemblent les variantes optimistes (resp. pessimistes) de chacune des trois composantes précédentes.

Définition(s)

Le ratio de dépendance économique
         C'est le rapport entre le nombre d’inactifs potentiels (moins de 20 ans et 60 ans ou plus) et le nombre d’actifs potentiels (20 - 59 ans). 

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