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Sommaire

> Taux de dépendance économique

L'anticipation des besoins liés au vieillissement est indispensable

La solidarité intergénérationnelle est forte à La Réunion. Elle ne sera néanmoins rapidement plus suffisante pour faire face au vieillissement de la population. En 2030, les personnes âgées représenteront 26 % des personnes en âge de travailler contre 12 % en 2007.

Anne LEVET - INSEE

Les personnes âgées sont régulièrement aidées dans leur quotidien par leurs proches. La solidarité intergénérationnelle est forte mais ces liens seront plus difficiles à maintenir à l'avenir. En effet, le nombre de personnes âgées augmentera beaucoup plus rapidement que celui des 15 à 64 ans. La mesure des efforts à fournir par les personnes en âge de travailler pour la prise en charge des personnes âgées est effectuée à partir du taux de dépendance économique. Par ailleurs, les aides financières des collectivités dépendront aussi en partie du nombre d'actifs et de leurs revenus.
En 2030, les personnes âgées pourraient représenter 26 % des personnes en âge de travailler contre 12 % en 2007. La pression sur les plus jeunes aura alors plus que doublé. L'effet cumulé de l'accroissement de la part des personnes de plus de 65 ans (+ 8 points)et de la baisse de la part de la population en âge de travailler (- 4 points) en sera à l'origine. Entre 1999 et 2007, le taux de dépendance économique s'est déjà accru de plus de 2 points. Mais c'est à partir de 2020 que le nombre de personnes âgées augmentera très fortement,à l'arrivée aux âges avancés des générations particulièrement nombreuses nées vers 1960.
Entre 2007 et 2030, le taux de dépendance national devrait passer de 26 % à 39 %. La Réunion, plus jeune, n'atteindrait qu'en 2030 le taux actuel de France métropolitaine.
Les autres DOM auront des situations très contrastées en 2030, de 12 % en Guyane à 50 % en Martinique. Les situations sont aussi très variables en France métropolitaine où certains départements comme le Cantal atteignent plus de 65 %.
La Réunion d'aujourd'hui n'est pas encore préparée à accompagner le vieillissement de sa population. Les difficultés liées à l'accueil des personnes âgées sont accentuées par la dépendance physique qui apparaît dans le département plus tôt qu'ailleurs. De plus, les niveaux de vie des personnes âgées réunionnaises sont bien inférieurs à ceux de France métropolitaine. Le Conseil économique, social et environnemental de La Réunion (Ceser) préconise des actions de prévention de la dépendance. L'accompagnement s'appuierait sur les solidarités intergénérationnelles et familiales et sur les structures déjà existantes. Le Ceser propose également d'orienter les aides vers de l'assistance au maintien à domicile et des structures d'accueil de jour.

Taux de dépendance économique

Définition

Taux de dépendance économique
Rapport entre la population des 65 ans et plus et celle des personnes âgées de 15 à 64 ans (en âge de travailler). Le taux de dépendance économique de 2030 est établi à partir des projections de population selon le scénario central réunionnais. Elles sont basées sur la prolongation des tendances passées.

> Taux de pauvreté monétaire

Une forte pauvreté alimentée par le chômage

Un Réunionnais sur deux est en situation de pauvreté selon le seuil national. En cause, pour l'essentiel, les nombreux Réunionnais qui sont en dehors du marché du travail. Les familles nombreuses et monoparentales sont les plus touchées. Un tiers des Réunionnais ont recours aux minima sociaux.

Thomas PATENOTTE - INSEE

La lutte contre la pauvreté constitue l'axe majeur du volet social du développement durable. L'un des objectifs chiffrés de la stratégie nationale du développement durable est de réduire d'un tiers la pauvreté au niveau national en cinq ans.
La pauvreté monétaire touche la moitié (49 %) de la population réunionnaise en 2008, contre 13 % en France métropolitaine. Sont considérés comme pauvres les ménages dont le niveau de vie est inférieur à 911 € pour une personne seule et à 1 910 € pour un couple avec deux enfants. Les départements les plus touchés en France métropolitaine ne dépassent pas 22 % de taux de pauvreté (Seine-Saint-Denis).
Une telle différence s'explique en premier lieu par la situation dégradée du marché du travail : le taux de chômage est très prégnant à La Réunion et le taux d'emploi ne dépasse pas 45 %. De nombreux ménages n'ont ainsi pas accès à des revenus d'activité. Toutefois, occuper un emploi ne met pas toujours à l'abri de la pauvreté, puisque près de 30 % des personnes ayant un emploi vivent sous le seuil de pauvreté. La taille des ménages, de 3,0 personnes contre 2,3 en France métropolitaine, amplifie aussi la pauvreté. Il en résulte que les familles nombreuses et les familles monoparentales sont plus souvent concernées. Six enfants sur dix (58 %) vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
Associés à d'autres dispositifs non contributifs (CMU.), les minima sociaux sont conçus pour lutter contre la pauvreté. À La Réunion, faute de réduire significativement le taux de pauvreté, ils en réduisent l'intensité, c'est-à-dire l'écart entre le niveau de vie médian des personnes pauvres et le seuil de pauvreté. Des minima sociaux sont versés à 143 700 adultes en 2010. Ils couvrent ainsi avec leurs ayants-droits, conjoints et enfants, au moins 270 600 personnes, soit le tiers de la population (32 %). En France métropolitaine, la population nécessitant des minima sociaux (allocataires et ayants droits) représente à peine 8 % de la population totale.

Taux de pauvreté en 2008

Définitions

Niveau de vie
Il est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (uc, cf définition p. 35). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage. Le revenu disponible d'un ménage comprend les revenus d'activité, les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs. Quatre impôts directs sont généralement pris en compte : l'impôt sur le revenu, la taxe d'habitation et les contributions sociales généralisées (CSG) et contribution à la réduction de la dette sociale (CRDS).
Taux de pauvreté monétaire
Il mesure la proportion de personnes ayant un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian.
Taux d'emploi
Le taux d'emploi d'une classe d'individus est calculé en rapportant le nombre d'individus de la classe ayant un emploi au nombre total d'individus dans la classe. On considère ici les individus en âge de travailler, à savoir les 15-64 ans.

> Disparités de niveaux de vie

Des inégalités monétaires particulièrement prononcées

Les inégalités monétaires sont bien plus prononcées à La Réunion qu'en France métropolitaine. Le rapport inter-déciles des niveaux de vie, indicateur d'inégalités monétaires, est de 5,2 à La Réunion contre 3,3 en France métropolitaine. Les hauts revenus sont équivalents entre la France métropolitaine et La Réunion. Les bas revenus sont en revanche beaucoup plus faibles à La Réunion.

Thomas PATENOTTE - INSEE

La cohésion sociale repose en partie sur le partage des fruits de la croissance et du développement. À La Réunion, les inégalités monétaires sont particulièrement aiguës. En 2008, les 20 % les plus riches monopolisent la moitié des ressources (47 %). À l'opposé, les 20 % les plus pauvres ne disposent que de 7 % du total des ressources.
Si l'on considère l'ensemble de la population réunionnaise que l'on ordonne par niveau de vie croissant, les 10 % les plus aisés perçoivent plus de 2 520 euros mensuels. C'est un peu moins qu'en France métropolitaine (2 760 euros). Les 10 % les plus modestes disposent de moins de 480 euros, contre 830 euros en France métropolitaine. Le rapport entre ces deux revenus, désigné sous le nom de « rapport inter-déciles », est de 5,2. Autrement dit, le revenu minimum des 10 % les plus riches est 5,2 fois plus important que le revenu maximum des 10 % les plus pauvres. Ce rapport est de 3,3 en France métropolitaine.
Les personnes les plus riches à La Réunion ont globalement des niveaux de vie semblables aux personnes les plus riches vivant en France métropolitaine. En revanche les Réunionnais les plus pauvres ont des niveaux de vie bien inférieurs. Ils sont davantage touchés par le chômage et globalement moins en emploi. Les bas salaires, et en particulier ceux des ouvriers qualifiés et non qualifiés sont plus faibles qu'en France métropolitaine. Enfin, le nombre d'enfants par foyer est plus important à La Réunion, ce qui constitue une charge financière plus forte pour les familles et diminue ainsi le niveau de vie.

Répartition des niveaux de vie en 2008

NOTE DE LECTURE : 10 % des Réunionnais ont un niveau de vie inférieur à 480€ par mois ; tandis que 10 % des résidents de France métropolitaine ont un niveau de vie inférieur à 830€ par mois.

Définitions

Niveau de vie
Il est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (uc, cf définition p. 35). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage. Le revenu disponible d'un ménage comprend les revenus d'activité, les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs. Quatre impôts directs sont généralement pris en compte : l'impôt sur le revenu, la taxe d'habitation et les contributions sociales généralisées (CSG) et contribution à la réduction de la dette sociale (CRDS).
Décile de niveaux de vie
Si on ordonne la distribution des niveaux de vie, les déciles sont les valeurs qui partagent cette distribution en dix parties égales : le 1er décile (D1) est le niveau de vie au-dessous duquel se situent 10 % des niveaux de vie ; le 9e décile (D9) est le niveau de vie au-dessous duquel se situent 90 % des niveaux de vie.
Unité de consommation (UC)
Pour comparer les niveaux de vie de ménages de taille ou de composition différente, on utilise une mesure du revenu corrigé par UC à l'aide d'une échelle d'équivalence. L'échelle actuellement la plus utilisée (dite de l'OCDE) retient la pondération suivante : 1 UC pour le premier adulte du ménage ; 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus ; 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.

> Taux de sortie du système scolaire sans diplôme

Beaucoup de jeunes sans diplôme en marge du marché du travail

Un jeune sur deux sort précocement du système scolaire. Sans aucun diplôme, ils n'ont que peu de perspectives de trouver un emploi. Un jeune sur cinq est sans diplôme, sans emploi et directement menacé de pauvreté et d'exclusion.

Thomas PATENOTTE - INSEE

À La Réunion en 2010, près d'un jeune de 16 à 24 ans non scolarisé sur deux (49 %) ne possède aucun diplôme du secondaire. Sortis précocement du système scolaire, beaucoup ne détiennent ni BEP, ni CAP, ni a fortiori de diplôme d'un niveau supérieur. Ils sont 28 000 à ne pas avoir acquis pendant leur formation initiale les outils nécessaires pour une bonne insertion sociale.
Parmi ces jeunes sortis précocement du système scolaire, les jeunes femmes ont un peu mieux réussi leur scolarité que les jeunes hommes : 47 % d'entre elles n'ont en effet obtenu aucun diplôme contre 50 % des hommes.
Avec deux fois plus de sorties précoces que la moyenne nationale, La Réunion est aux côtés des autres DOM en queue du classement des régions françaises, selon le recensement de la population de 2007.
Les tests effectués lors de la journée d'appel à la défense nationale confirment d'ailleurs la distance qui sépare La Réunion des régions métropolitaines : l'illettrisme toucherait en effet 15 % des Réunionnais de 17 à 19 ans en 2009, soit trois fois plus que dans les autres régions métropolitaines.
Ces 28 000 jeunes sortis précocement du système scolaire éprouvent beaucoup plus de difficultés à s'insérer sur le marché du travail. Seuls deux sur dix se retrouvent effectivement en emploi. En revanche ceux qui sont sortis du système scolaire avec au moins un diplôme du secondaire ont deux fois plus de chance de décrocher un emploi. Si obtenir au moins un diplôme du secondaire ne certifie pas aujourd'hui d'avoir un emploi, ne pas en obtenir handicape sérieusement l'insertion professionnelle.
En 2010, 69 % des jeunes non scolarisés sont sans emploi. Parmi eux 23 000, soit au final un jeune sur cinq, n'ont aucun diplôme. Plus encore que les diplômés, ils sont de fait directement menacés par la pauvreté, l'isolement et l'exclusion sociale. Qu'ils aient obtenu un diplôme ou non, les jeunes sont beaucoup plus touchés par le chômage que leurs aînés (55 % des 16-24 ans sont au chômage contre 29 % pour l'ensemble de la population).

Situation des jeunes de 16 à 24 ans non scolarisés
En emploiSans emploiTotal
Ayant un diplôme du secondaire112 90016 90029 800
Sans diplôme du secondaire15 20023 10028 300
Total18 10040 10058 100
  1. Ni CAP, ni BEP, ni diplôme plus élevé.
    Sources : INSEE, enquête emploi DOM 2010 (situation au 2e trimestre).

Taux de chômage et d'emploi par tranche d'âges

Un objectif à 10 % fixé par l'Union européenne

L'Union européenne fixait comme objectif pour 2010 de réduire la part des jeunes de 18 à 24 ans sortis du système scolaire sans diplôme à moins de 10 %. La France métropolitaine s'approche de cet objectif avec (11,8 %). En revanche La Réunion en est très loin, avec 29,7 % de sorties précoces sans diplôme pour 2010.

Définitions

Taux de sortie précoce
C'est le rapport entre d'une part le nombre de jeunes âgés de 16 à 24 ans qui ne poursuivent plus d'études et n'ont obtenu ni CAP, ni BEP, ni diplômes de rangs plus élevés ; et d'autre part la population non scolarisée de la même classe d'âge.
Taux de jeunes non insérés
C'est le rapport entre d'une part le nombre de jeunes âgés de 16 à 24 ans qui ne poursuivent plus d'études et n'occupent aucun emploi ; et d'autre part la population non scolarisée de la même classe d'âge.

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