Par Frédérique Thomas

Dernière mise à jour : juillet 2018

1. Propos liminaires

L’Etat s’est directement et fortement investi dans le sport de haut niveau et y joue un rôle prédominant. Aux termes du Code du sport, il lui revient d’en définir le champ et les modalités d’organisation. Il y affecte des moyens importants à travers notamment son réseau d’établissements publics spécialisés, le soutien financier et les ressources humaines qu’il apporte au mouvement sportif, mais aussi l’accompagnement personnalisé des sportifs et le financement de certains équipements.

Les résultats toutes disciplines confondues, à l’heure actuelle, font figurer la France parmi les grandes nations sportives. La volonté d’améliorer la compétitivité des sportifs français à la suite des piètres résultats des Jeux Olympiques de Rome en 1960, est à l’origine des caractéristiques de l’organisation française du sport avec la création de la préparation olympique, la structuration de l’administration du sport et le placement de cadres d’Etat auprès des fédérations sportives. Le sport de haut niveau représente l’excellence sportive. Il est reconnu par différents textes  législatifs et réglementaires. Ce statut repose sur des critères bien établis comme :

  • la reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines sportives
  • les compétitions de référence
  • la liste des sportifs de haut niveau
  • les parcours de l’excellence sportive

2. La commission nationale du sport de haut niveau (CNSHN)

C'est l’instance de concertation institutionnelle où se prennent toutes les grandes décisions en matière de sport dans ce domaine. Elle est présidée par le Ministère des Sports et comprend des représentants de l’Etat, du Comité National Olympique et Sportif Français, des sportifs de haut niveau, des entraîneurs, un arbitre ou juge sportif de haut niveau et des élus des collectivités territoriales.
Elle définit :

  • les orientations de la politique nationale du sport de haut niveau
  • reconnaît le caractère de haut niveau des disciplines sportives
  • détermine pour chaque discipline les critères permettant de définir la qualité de sportif de haut niveau, d’entraîneur de haut niveau, d’arbitre et de juge sportif de haut niveau, de sportif espoir et de partenaire d’entraînement
  • émet un avis sur le nombre de sportifs susceptibles d’être inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau, le nombre d’entraîneurs de haut niveau, le nombre d’arbitres et juges sportifs de haut niveau, le nombre de sportifs qui sont susceptibles d’être inscrits sur la listes de sportifs espoirs et sur la liste de partenaires d’entraînement
  • formule un avis sur la validation des parcours de l’excellence sportive
  • définit les critères de sélection des sportifs aux compétitions organisées sous la responsabilité du Comité International Olympique (CIO) dont les jeux olympiques.

3. La commission régionale du sport de haut niveau

Elle veille à la mise en œuvre, dans leur ressort territorial, des orientations de la politique nationale du sport de haut niveau. Elle élabore un rapport annuel qui est transmis au ministre chargé des sports en vue de son examen par la Commission Nationale du Sport de Haut Niveau.

4. La reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines sportives

La reconnaissance du caractère de haut niveau d’une discipline est accordée pour la durée d’une olympiade. Celle-ci reste automatique pour les disciplines inscrites au programme des Jeux olympiques et l’automaticité est également prévue pour les disciplines paralympiques pour lesquelles existe une équipe de France.
Les autres disciplines peuvent, à la demande de la fédération délégataire concernée, faire l’objet d’une procédure de reconnaissance impliquant le dépôt d’un dossier qui est instruite par la Commission Nationale du Sport de Haut Niveau (CNSHN). Pour cela, le directeur technique national de la fédération concernée doit prendre contact avec la Direction des sports afin de produire les documents nécessaire à la constitution du dossier.

5. Les compétitions de référence

Ce sont les compétitions officielles figurant au calendrier des fédérations sportives internationales et qui conduisent à l’établissement d’un classement mondial de référence. Il s’agit :

  • des jeux Olympiques
  • des championnats du monde
  • des championnats d’Europe

6. Les listes des sportifs reconnus par le ministère1

Nul ne peut être inscrit sur les listes des sportifs reconnus par le ministère chargé des sports s’il ne pratique une discipline sportive reconnue de haut niveau. Les collectifs sont des groupes opérationnels de sportifs identifiés par les directeurs techniques nationaux, pour lesquels un programme annuel ou pluriannuel d’actions a été conclu.
Un collectif est constitué en prévision d’objectifs sportifs situés à court, moyen ou long terme avec l’ambition d’y obtenir les meilleurs résultats possibles. C’est en principe au sein de ces collectifs que les directeurs techniques nationaux, les directeurs d’équipe et les entraîneurs nationaux sélectionnent les sportifs qui intègrent les différentes équipes de France composées pour participer à une compétition précise.

Les Parcours d’Excellence Sportive (PES)
Les filières d’accès au sport de haut niveau se sont construites progressivement par fédération sportive, elle s’appuient notamment sur le réseau des « pôles » et des « structures associées » qui offrent aux sportifs les meilleures conditions d’accueil pour réaliser leur double projet sportif et socioprofessionnel.
Destinées aux collectifs « Equipe de France, France Jeune et Espoir », elles doivent être particulièrement performantes dans trois secteurs clés : la préparation sportive, la formation scolaire, universitaire ou professionnelle et le suivi personnalisé.
Les Parcours de l’Excellence Sportive se substituent, depuis l’olympiade 2008-2012, aux filières d’accès au sport de haut niveau pour une meilleure prise en compte des spécificités de chaque fédération et de chaque discipline et pour une plus grande souplesse permettant une adaptation plus réactive et rapide à l’évolution de la concurrence internationale.
Chaque fédération définit son PES et le présente pour validation pour l’olympiade à la CNSHN.  Le «parcours d’excellence sportive» (PES) s’inscrit dans le projet global de chaque fédération et approuvé lors d’une assemblée générale. Cette stratégie s’inscrit dans la continuité de l’ancienne «filière d’accès au sport de haut niveau» à laquelle il se substitue et dont il abroge l’ensemble des éléments.

Il doit :
« Organiser l’ensemble des structures labellisées et des dispositifs, ainsi que l’accompagnement du sportif pour atteindre le plus haut niveau international »
Il prend en compte les orientations de l’État en matière de sport de haut niveau et est conçu au regard des exigences de la haute performance internationale afin de recentrer les objectifs, les actions et les ressources des différents collectifs ou Équipes de France lors les différentes olympiades sur les perspectives de podiums mondiaux et olympiques.
Dans cette intention, le PES doit partir du projet et du potentiel individuel de performance des sportifs. Il place au centre de la démarche les potentialités et le parcours de ceux-ci, autant dans sa composante sportive que sociale. Il définit l’ensemble des actions et ressources nécessaires à la réussite personnelle au plus haut niveau dans un projet individuel global propre à chaque discipline. Dans cette dynamique, il intègre le suivi sportif, social, socioprofessionnel, médical et psychologique des sportifs.

7. Focus sur L’INSEP

Établissement Public à caractère Scientifique, Culturel et Professionnel [EPSCP], l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP) :

  • participe à la politique nationale de développement des activités physiques et sportives, particulièrement dans le domaine du sport de haut niveau en intégrant les missions jusqu’ici dévolues à la Préparation Olympique et Paralympique (POP) et en répondant aux besoins et demandes de l’ensemble des fédérations sportives ;
  • assure les rôles et responsabilités de « centre ressources » et de « tête de réseau » des Écoles Nationales, CREPS et structures constitutives des Parcours d’Excellence Sportive (PES).
  • contribue à la protection de la santé des sportif(ve)s et à la préservation de l’éthique sportive.

Ses activités sont regroupées autour de six axes :

  • La formation et la préparation des sportifs de haut niveau, en liaison avec les fédérations sportives et dans le respect du double projet : la recherche de l’excellence sportive et celle de la réussite, scolaire, universitaire ou professionnelle, du (de la) sportif(ve) ;
  • L’animation du réseau national du sport de haut niveau, étendu aux établissements nationaux du ministère et aux structures regroupées au sein des filières d’accès au sport de haut niveau ;
  • La formation initiale et continue des acteurs du développement du sport, notamment les équipes d’encadrement des fédérations sportives dont une discipline au moins est reconnue de haut niveau ;
  • La délivrance de titres propres et des diplômes nationaux pour lesquels l’INSEP aura été habilité par le ministre chargé des sports ou le ministre chargé de l’enseignement supérieur ;
  • La contribution à la recherche scientifique, médicale et technologique dans le domaine des activités physiques et sportives, la production et la diffusion de la connaissance en matière de sport de haut niveau et la valorisation de ses ressources documentaires ;
  • La conduite d’actions de relations internationales et de coopération, ainsi que la collaboration avec des institutions françaises et étrangères.

La réalisation du projet d’établissement, partagé par l’ensemble du personnel, est récent et constitue une première à l’INSEP.  Il mobilise et fédère les équipes autour d’un même objectif et a vocation à être revisité régulièrement afin de coller au plus près de la réalité et à servir de guide permanent pour les actions menées dans les différents pôles et services de l’établissement Ce projet d’établissement a été conçu pour préparer l’avenir fonctionnel de l’INSEP sur une durée de dix ans (2014-2024) et aider le grand établissement qu’est l’INSEP à anticiper et à répondre aux exigences croissantes des fédérations, des sportifs et cadres de haut niveau. Il constitue la « pierre angulaire » de la mise en projet, de la mise en action et du suivi de la contribution de l’institut au service de ses missions prioritaires quant aux pratiques sportives de haut niveau.

Une Mission spécifique d’Optimisation de la Performance (MOP) a été créée avec un mode de fonctionnement différent. Plus axée sur des missions de maitrise d’ouvrage d’accompagnement des fédérations, la MOP s’appuie sur les services d’expertise opérationnelle de l’INSEP, des CREPS et du monde privé lorsque nécessaire. A l’issue des Jeux Olympiques de Rio, la MOP a organisé et suivi l’accompagnement de 86% des médaillés olympiques et paralympiques français.

La création du Grand INSEP a été réalisée via le pilotage d’une mission créée à cet effet en amont de la décentralisation du 1er janvier 2016. A cette date, le cahier des charges du futur Grand INSEP était prêt et a donné lieu à une première vague de labellisations d’établissements. Une deuxième phase s’est déroulée en janvier 2017, regroupant ainsi un total de 14 centres de haut niveau labellisés et affiliés à ce réseau. L’avenir pourrait laisser entrevoir un grand établissement national à l’ambition forte sous la bannière du Grand INSEP avec des composantes comme l’INSEP Paris, l’INSEP Bordeaux, l’INSEP Nancy, etc.

Un travail concernant la stratégie des relations internationales de l’INSEP a été mené via les établissements similaires au niveau international, via les fédérations internationales (dont l’organisation de colloques tel celui de la Fédération internationale de triathlon…) et avec les fédérations nationales (organisation de stages internationaux et de compétitions sportives comme l’accueil du Tournoi international de lutte de Paris). Une mission de fond est également engagée auprès du CIO afin d’obtenir la reconnaissance de la Solidarité Olympique dans l’objectif de pouvoir intégrer le programme olympique confié par le CIO et portant les valeurs de l’olympisme.

La mission de formation des nouveaux DTN a été conduite dans un cadre novateur par une approche individualisée au regard de la disparité de leurs origines, de leurs formations initiales et continues, de leurs expériences professionnelles. Cette approche ne cesse d’ailleurs d’être revisitée et d’évoluer. En parallèle, l’organisation, pour les athlètes, d’une formation universitaire et professionnelle individualisée, autour du projet sportif de l’athlète - et non l’inverse - a été renforcée. Le climat « tendu » qui régnait avec le partenaire privé (lié au Contrat de Partenariat Public-Privé en vigueur depuis 2007) a été apaisé par un travail de structuration et d’organisation managériale dans les relations de travail. Si le partenariat public-privé (PPP) est en charge de la maintenance des locaux en zone « de vie », la zone des installations sportives est à la charge totale de l’établissement qui en assure la maintenance et la rénovation. -

Dans le cadre des collaborations avec le mouvement sportif et pour une efficacité accrue au service des DTN et des fédérations, un « lieu unique » de travail a été implanté à l’INSEP rassemblant en un même lieu différentes entités du sport français en charge de la haute performance: CNOSF, CPSF, ASDTN, MOP et MGI.

Concernant le secteur médical, un groupe de radiologues reconnus dans le domaine des pathologies des pratiquants sportifs ont décidé de s’associer à l’INSEP par la création d’un GIE après avoir obtenu l’agrément de l’ARS et la validation des tutelles. Le secteur de la recherche a été réorienté vers une recherche appliquée, plus proche des besoins de terrain exprimés par les fédérations.

En quatre ans, l’INSEP a développé un savoir-faire dans la réception des hautes personnalités politiques (Chef d’Etat, Ministres, parlementaires,), des chefs d’entreprises, mais aussi internationales avec la venue du président du CIO (première dans l’histoire de l’INSEP), de présidents de fédérations internationales, d’experts internationaux etc. Afin d’appuyer la politique gouvernementale, l’INSEP a organisé à deux reprises la venue du Président de la République : dans le cadre du lancement du pacte de performance mais aussi lors de l’opération « 11 tricolore » à l’occasion de l’Euro 2016 de football. Cette organisation d’envergure a été préparée en un temps contraint avec une charge humaine et financière supportée par l’INSEP.

De même, un travail de partenariat avec le comité de Paris 2024 amène à recevoir à l’INSEP l’ensemble des fédérations internationales qui, dans le cadre l’organisation des JO de Paris 2024, viennent visiter la capitale.

L’INSEP s’est recentré sur son ADN : sa raison d’être réside dans le fait d’accompagner les fédérations olympiques et paralympiques vers la performance, matérialisée par les médailles dont celles en or, métal rêvé des quelque 1000 sportives et sportifs qui s’y entrainent. Plusieurs fédérations dont celles qui rentreront au programme des jeux de Tokyo souhaitent implanter un pôle France dans l’institut. Cela démontre la satisfaction et la confiance des fédérations sportives envers l’INSEP. 

  1. ^ Rappel : les sportifs Espoirs et les partenaires d’entraînement ne sont pas des sportifs de haut niveau.
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