L'évolution du cadre et des missions des métiers de l'animation

Modifié le 16 mai 2023

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Les concours de la FPT

Par Marc Baudino et Stéphane Nicolle
Dernière mise à jour : avril 2019

Introduction

Le champ professionnel de l’animation a fortement évolué depuis sa naissance dans l’après- guerre au sein des mouvements sociaux militants. Il s’est transformé tant dans ses contenus que dans ses formes de gouvernance, ce qui a nécessité un ajustement régulier de ses règles et pratiques.

Jean-Pierre Augustin1 et Jean-Claude Gillet2 définissent deux périodes de développement de l’animation : la période de l’émergence des institutions d’éducation populaire, puis celle du renforcement du rôle de l’État et des collectivités territoriales.

Les relations entre les structures d’animation et les pouvoirs publics, influent à la fois sur le sens et la portée du service d’animation mais aussi sur la nature des emplois développés.

Construite autour des valeurs de l’éducation populaire3, l’animation recouvre aujourd’hui un très vaste champ, assez peu homogène : on y trouve des professionnels qui interviennent dans les secteurs culturel, socioculturel, socioéconomique, socioéducatif, social et sportif.

La note de cadrage de la Commission paritaire nationale emploi formation4 publiée en 2013, indique que la branche animation (acteurs du lien social et familial) compte 2545 établissements d’accueil de jeunes enfants (EAJE), 1168 centres sociaux, 961 associations de développement social local (ADSL et fédérations de centres sociaux ou de crèches parentales). Leur nombre ne cesse d’augmenter.

En 2013, plus de 78000 personnes ont travaillé au sein d'une des associations de la branche. Le nombre de salariés en contrats aidés est en hausse (plus de 9000). La création des emplois d'avenir en fin d'année 2012 a pu être un « effet levier » pour l'embauche de ce type de salariés : en 2013, plus de 1500 salariés bénéficient d'un contrat en emploi d'avenir.

Au sein des centres sociaux le nombre de salariés en CDI est en baisse depuis quatre ans, contrairement à celui des salariés en CDD qui devient plus élevé. Les emplois de ce secteur étant marqués par la saisonnalité afin de répondre à l'accueil et à l'accompagnement des publics en fonction du rythme scolaire et des familles.

La population salariée est jeune : l’âge moyen est de 36 ans et 23 % des salariés de la branche sont âgés de moins de 24 ans, alors que cette tranche d’âge ne concerne que 9 % de l’ensemble des salariés français. Elle est aussi majoritairement féminine : 82 % des salariés de la branche sont des femmes5.

Les métiers de la branche animation sont multiples et différenciés – administratifs (secrétariat, accueil, etc.) et techniques (restauration, maintenance, emplois techniques du spectacle, etc.)6 – et les besoins en personnels de plus en plus importants. Il s’agit de répondre au développement des loisirs comme à la nécessité de prendre en charge des publics spécifiques (jeunes, personnes âgées, handicapés…) ou de mettre en valeur des territoires.

Ce sont des missions que les collectivités assument de plus en plus. Depuis 1997 et la création de la filière animation de la fonction publique territoriale le secteur tend à se structurer et à se professionnaliser.

La 7ème synthèse nationale des bilans sociaux des collectivités territoriales7 publiée en avril 2012 par l’Observatoire de la fonction publique territoriale du CNFPT et la DGCL indique que dans la filière animation, les effectifs estimés au 31 décembre 2009 sont de 46 926 salariés, dont 6 697 animateurs et 40 239 adjoints d’animation. Dans la filière jeunesse, 64,5 % des recrutements passent par l’accueil d’agents non titulaires.

1. Evolutions des normes et du cadre de l’animation

1.1. Les principales obligations liées à l’organisation d’une activité

Les niveaux de responsabilité évoluent régulièrement, il ne se passe pas une année sans que les aspects réglementaires et législatifs qui encadrent certaines activités, notamment celles qui concernent les mineurs, soient revus. Ces révisions sont encouragées par des parents de plus en plus préoccupés par la sécurité des enfants confiés aux animateurs. Cette demande de sécurité légitime fait constamment bouger le cadre normatif. La mise en place d’une veille régulière est donc indispensable.

1.1.1. Obligations réglementaires

Le 28 juin 2002, le Conseil Economique et Social a placé le projet éducatif au cœur des exigences réglementaires : « En premier lieu, l’esprit même des textes doit évoluer, on ne peut plus en rester aux seules préoccupations sécuritaires et d’hygiène. Ce qui doit guider le dispositif réglementaire, ce sont les objectifs des structures d’accueil, à savoir conforter leur mission éducative, en articulation avec l’Ecole et la famille. »

  • Obligation d'assurance :

La structure d’animation est tenue de souscrire un contrat d'assurance couvrant sa responsabilité civile, celle de ses salariés et bénévoles permanents ou ponctuels, ainsi que celle des personnes habituellement ou occasionnellement admises en son sein.

  • Obligation d'affichage :

Les obligations d’affichage dans un lieu de travail sont les consignes en cas d’incendie, les horaires de travail et congés, etc.8

  • Obligations réglementaires des locaux accueillant du public et des enfants de 3 à 17 ans :

Plus généralement, toute structure d'animation doit satisfaire à la réglementation applicable aux Accueils Collectifs de Mineurs (A.C.M)9

  • Obligation de diplômes :

Les intervenants doivent pouvoir justifier de diplômes professionnels selon les activités qu’ils encadrent.

1.1.2. Les différents types de responsabilités10

Il y a responsabilité civile lorsqu’une personne (morale ou physique) est tenue de réparer un dommage subi par une autre personne. On est responsable des dommages que l’on a personnellement causés, y compris par négligence ou par imprudence, mais on est également responsable des dommages causés par les personnes et les biens dont on a la garde. Elle peut être délictuelle ou contractuelle.

  • La responsabilité contractuelle concerne les cas où le dommage naît dans le cadre d’un contrat
  • La responsabilité délictuelle s’inscrit dans une situation non contractuelle.

Il y a responsabilité contractuelle si l’obligation résulte d’un contrat. Lors de la déclaration d’un accueil collectif de mineurs, le déclarant atteste qu’il assure prendre les mesures nécessaires à la qualité et à la sécurité de l’accueil conformément à la réglementation en vigueur. Dans le cas d’une responsabilité contractuelle, il est possible au « cocontractant » de limiter sa responsabilité en le stipulant au sein du contrat, alors qu’en matière délictuelle, la responsabilité ne peut pas être limitée11.

La responsabilité administrative, c’est la responsabilité de l’Etat ou des collectivités territoriales. Comme en matière civile, elle peut être « sans faute » ou « pour faute ». Elle est tranchée par le juge administratif en application des règles de la jurisprudence du droit public, la responsabilité civile relève de la compétence du juge judiciaire qui appliquera le Code civil.

Il y a responsabilité pénale chaque fois qu'une personne (physique ou morale) commet une infraction aux règles en usage, volontairement ou involontairement. Elle a pour finalité de condamner le « coupable ». Elle sanctionne le fait d’une personne responsable d’une atteinte envers la société. En matière pénale il faut que le « coupable » ait joué un rôle actif, et que l’élément intentionnel de l’infraction soit établi.

Elle entre en jeu lorsqu'il y a des victimes. Mais il ne faut pas oublier la notion de « mise en danger de la vie d'autrui », qui peut être renforcée par le fait de la conscience du danger. A ce titre, on peut être condamné, même lorsqu'il n'y a pas de victime.

A la différence de la responsabilité pénale qui n’est pas assurable, les assurances en responsabilité permettent de couvrir la responsabilité civile. Elles couvrent donc la réparation du dommage causé à autrui mais pas les sanctions pénales. Certaines assurances, comme celles souscrites pour les mandataires sociaux, couvrent les frais de procédures pénales, mais pas les amendes etc.

1.1.3. La protection de l’enfance

La loi sur « la protection de l'enfance en danger en France12 » en tant que dispositif légal, tel qu'il a été établi par la loi du 5 mars 2007, s'inscrit dans le cadre des lois internationales déjà définies dans le passé, dans le respect des lois de décentralisation et de déconcentration des services publics. Elle détermine la prééminence du rôle des départements afin de limiter les signalements au juge des enfants, en définissant deux catégories d'enfants, les mineurs en risques de danger relevant des conseils généraux et les mineurs en danger relevant du juge des enfants.

La protection de l'enfance en danger en France comporte deux volets :

  • la protection administrative
  • la protection judiciaire des mineurs

La première est confiée au Conseil général (département, direction de la solidarité départementale, associations agréées, établissements agréés, éducateurs spécialisés). Elle est régie par le code de l'action sociale13.

La seconde est confiée à l’État (à travers le juge des enfants et le procureur de la République). Le code civil faisant référence. Le contexte de la protection de l'enfance en danger en France s'inscrit dans une double articulation marquée dans l'histoire. Les droits de l'enfant et leur protection font partie des droits internationaux ainsi que des droits définis en France.

1.2. Les diplômes professionnels de l’animation

Il existe un certain nombre de diplômes professionnels qui peuvent être utiles pour travailler dans l’animation14 :

Le BAPAAT – Brevet d’Aptitude Professionnelle d’Assistant Animateur Technicien. Ce diplôme d’État, homologué au niveau V, est commun au secteur socioculturel et sportif : il représente le premier niveau de qualification pour l’animation et l’encadrement des activités sportives et socioculturelles.

Le BP JEPS – Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport. Ce diplôme, de niveau IV (bac), atteste de la possession des compétences professionnelles indispensables à l’exercice du métier d’animateur dans le champ de la spécialité obtenue. Le BPJEPS est délivré au titre d’une spécialité disciplinaire, pluridisciplinaire ou liée à un champ particulier. (Loisirs tous publics, activités physiques pour tous…). Ce diplôme remplace le BEATEP.

Le DE JEPS – Diplôme d’État de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport. Il remplace le DEFA, Diplôme d’État relatif aux Fonctions d’Animation. Essentiellement orienté vers les spécialités sportives, il est homologué au niveau III (bac + 2). La spécialité « animation socioéducative et culturelle » ne comporte, pour l’instant, que la dimension « développement de projets, territoires et réseaux ».

Le DES JEPS – Diplôme d’Etat Supérieur de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du Sport. Il remplace le DEDPAD – Diplôme État de Directeur de Projet d’Animation et de Développement. Ce diplôme, homologué niveau II, atteste de la possession des compétences à l’exercice du métier de directeur de projet, directeur de structure ou directeur sportif dans le champ de la mention obtenue.

Ce diplôme est délivré au titre d’une spécialité relative à « l’animation socioéducative ou culturelle » ou à la « performance sportive » accompagnée d’une mention relative à un champ d’activités. Pour la spécialité « animation socioéducative ou culturelle », il existe uniquement la mention « développement de projets, territoires et réseaux ».

1.3. L’organisation générale et le fonctionnement, les missions et l’évolution,

1.3.1. De l’association loi 1901 (socio-culturel – socio-sport) : la loi 1901 est le fondement et la référence de la vie associative15

C’est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. C’est souvent le regroupement de plusieurs personnes désirant mettre en commun différents moyens pour faire aboutir un projet.

De ce principe de départ, le modèle associatif se développe comme une spécificité juridique, par les droits et les devoirs qu’elle engendre, mais aussi comme spécificité sociale, par les liens qui se tissent entre les individus, la mobilisation des énergies créée et le pouvoir citoyen que cela peut représenter16. L’association peut n’être aussi qu’un choix de mode de Gestion.

L'organisation d'une association repose sur ses statuts (termes du contrat qui lient tous les membres de l'association). La direction d'une association doit être assurée conformément à la répartition des rôles prévue par les statuts et/ou le règlement intérieur (facilement modifiable, il complète souvent les statuts). Les pouvoirs de conception, de décision et de réalisation sont la plupart du temps répartis entre les différentes instances dirigeantes. Parmi celles-ci se distinguent habituellement une assemblée générale, un conseil d'administration et un bureau.

  • L'assemblée générale est l’organe de représentation des membres de l'association. C'est elle qui définit et vote les grandes orientations. En général, elle a lieu au moins une fois par an. Lorsqu'elle est convoquée de manière urgente, on parle alors d'assemblée générale extraordinaire.
  • Le conseil d'administration est l’organe exécutif de l'association. Il est chargé d'appliquer les décisions prises lors des assemblées générales. Il peut se réunir plusieurs fois par an.
  • Le bureau est l’organe de gestion de l'association. Le plus souvent, il se compose d'un président, d'un secrétaire et d'un trésorier.

Généralement, sur un territoire, les associations constituées de liens multiples et complexes et d’une diversité d’acteurs (étudiants, adhérents, fédérations territoriales, administrations, institutionnels, partenaires, etc.) sont des acteurs majeurs du jeu social.

1.3.2. D’un service d’animation d’une collectivité

L’animation n’est pas une compétence obligatoire pour les collectivités locales. Mettre en œuvre une politique locale de jeunesse nécessite une véritable volonté politique portée par des élus locaux en lien avec le territoire.

La filière animation de la fonction publique territoriale est composée17 :

  • d’un cadre d’emplois de catégorie C d’adjoint territorial d’animation qui comprend les grades d'adjoint territorial d'animation de 2ème classe, d'adjoint territorial d'animation de 1ère classe, d'adjoint territorial d'animation principal de 2ème classe et d'adjoint territorial d'animation principal de 1ère classe.
  • d’un cadre d’emplois de catégorie B d’animateur territorial qui comprend les grades d'animateur, d'animateur principal 2ème classe et d’animateur principal 1ere classe.

Les adjoints territoriaux d’animation sont recrutés sans concours pour le grade d’adjoint territorial d’animation de 2ème classe et sur concours pour le grade d’adjoint territorial d’animation de 1ère classe. Ils interviennent dans le secteur périscolaire et dans les domaines de l'animation des quartiers, de la médiation sociale, du développement rural, de la politique du développement social urbain et de l'organisation d'activités de loisirs. Ils peuvent intervenir au sein de structures d'accueil ou d'hébergement.

Les animateurs territoriaux sont recrutés sur concours. Ils coordonnent et mettent en œuvre des activités d'animation. Ils peuvent encadrer les adjoints et agents d'animation territoriaux. Ils interviennent dans le secteur périscolaire et dans les domaines de l'animation des quartiers, de la médiation sociale, du développement rural et de la politique de développement social urbain. Ils sont chargés de la mise en place de mesures d'insertion. Ils interviennent également au sein de structures d'accueil ou d'hébergement, ainsi que dans l'organisation d'activités de loisirs18.

Cette filière présente la particularité :

  • de ne pas avoir de cadre d’emplois de catégorie A ; il est possible toutefois de présenter dans la filière administrative, le concours d’attaché territorial option animation.
  • de n’avoir pas encore intégré tous les animateurs qui interviennent dans les collectivités territoriales avec un statut de contractuel à temps partiel.

Le panorama statistique des métiers territoriaux19 publié par le CNFPT le 11 novembre 2009, indique qu’en 2006, on dénombrait 106030 animateurs de loisirs, 4470 responsables de centres de loisirs, 3490 coordonnateurs enfance-jeunesse, 2480 directeurs enfance- jeunesse-éducation et 330 directeurs d’équipements socioculturels.

Les titulaires des grades d’animateur territorial principal de 2ème et 1ère classe ont vocation à occuper des emplois qui, relevant des domaines d’activités mentionnés ci-dessus, correspondent à un niveau particulier d’expertise. Ils peuvent concevoir et coordonner des projets d’activités socio-éducatives, culturelles et de loisirs, encadrer une équipe d’animation, être adjoints au responsable de service, participer à la conception du projet d’animation de la collectivité et à la coordination d’une ou plusieurs structures d’animation. Ils peuvent être chargés de l’animation de réseaux dans les domaines sociaux, culturels ou d’activités de loisirs. Les animateurs territoriaux principaux de 2ème et 1ère classe peuvent également conduire des actions de formation.

Souvent dans une commune, le service « enfance jeunesse et/ou animation » a pour mission d’organiser et de coordonner les actions mises en place en direction des 3/ 18 ans (alternative aux besoins de garde, proposition d’activités de loisirs, d’éveil culturel et sportif). À travers la mise en œuvre d’un projet pédagogique, il participe à la réalisation de la politique éducative de la commune.

2. La posture de l’animateur

2.1. Le principe de l’animation20

Animer, c’est de façon globale une capacité à impulser, à « faire vivre ». C’est une personne qui face à un groupe d’individus est capable de créer une dynamique, un échange, une réflexion commune et qui va mettre en place les moyens nécessaire afin que un ou plusieurs projets communs se concrétisent ; tout en catalysant les énergies de chacun vers le même objectifs.

Animer c’est créer et dynamiser une activité autour d’un projet et entretenir cette énergie collective en faisant en sorte que chaque individu trouve sa place (accepte et respecte celle de l’autre).

L’animateur n’a pas un champ d’actions unique, c’est quelqu’un qui évolue dans un espace social en perpétuel mouvement et dont l’activité s’adapte sans cesse aux besoins de la société.

Qu’ils soient bénévoles ou salariés, ils peuvent développer leur projet d’action dans une grande variété d’activités. Celles-ci se déploient dans un environnement ouvert autant à une démarche non scolaire, à une pratique de loisirs encadrés, quel que soit le loisir, s’il porte un caractère éducatif.

2.2. Temps social, temps libre / temps de loisir

Les champs d’actions de l’animateur peuvent être définit en deux grandes familles. En effet il peut intervenir sur le temps social et/ou le temps libre.

Le temps social représente les temps imposés comme la vie scolaire ou active. Il est assimilé à « la vie quotidienne ». Il contribue durant ce temps à favoriser la socialisation.

Le temps libre est celui où l’animateur a le plus grand rôle à jouer. Ce temps n’a pas les contraintes de « la vie quotidienne », il est assimilé à un temps de loisirs ou chacun est libre de l’occuper comme il le souhaite. L’animateur peut proposer durant cette période des projets afin de répondre à un besoin, de créer une dynamique de groupe, de découvrir la société autrement…et ainsi compléter les méthodes plus normés de l’école et de la famille.

Une étude menée par la DATAR21 en 2001, a mesuré des « temps » de loisirs. Cette étude permet de faire ressortir et de lister des changements marquant, des évolutions significatives qui ont touché les individus au cours des 50 dernières années :

  • L’augmentation du temps disponible en dehors du travail
  • L’interpénétration des sphères privées et professionnelles, (des temps de loisirs, de travail, de vacances)
  • L’investissement important en temps et en moyens sur l’habitation (confort, jardin…)
  • La progression des liens affectifs et sociaux dans la sphère du temps libre en diminution de celle du travail
  • L’affirmation du temps libre comme un temps personnel de plus en plus indépendant des contraintes sociales

Les résultats de cette étude permettent aussi de mieux appréhender certaines transformations influant sur les comportements sociaux des individus. Certaines dimensions semblent importantes à relever :

  • Les loisirs ne sont plus consommés en famille, mais segmentés par tranche d’âge et par génération.
  • Ils ne sont plus rythmés par des temps spécifiques précis ; l’offre prend tous les espaces-temps (l’hiver en salles, l’été en festivals, les journées, les soirées…). Guy Saez22 parle de « désynchronisation » des temps de loisirs.
  • Tout espace est potentiellement devenu un espace de loisir, les banlieues sont devenues des lieux culturels, le supermarché peut accueillir une galerie d’arts. Cette « déterritorialisation23 » - propre aussi à Guy Saez - et la mobilité accrue des individus, modifient la symbolique des lieux de loisirs.

2.3. La situation de l’animation dans l’évolution générale de la société

L’animateur travaille sur et dans le temps libre des autres. Il organise des activités de loisirs qui s’inscrivent à l’intérieur d’un projet éducatif.

Le temps libre est comme notre société, en perpétuel mouvement. L’animateur, dont l’objectif est d’amener l’individu à acquérir des connaissances complémentaires, doit faire face à une logique mercantile et une exploitation consumériste de cette période.

La demande, elle aussi, évolue. Les jeux, les activités artistiques et culturelles laissent place à un besoin utilitaire soit scolaire ou préparatoire à l’entrée en entreprise. D’autre part, la notion de projet, de préparation… laisse la place petit à petit à une logique de loisirs extrêmes et immédiats. Ainsi l’animateur doit tenir compte de cette évolution afin d’organiser des activités de loisirs, répondant à la demande afin d’attirer un public vers un véritable projet social.

3. Le rôle de l’animateur sur le territoire (politique et/ou social)

3.1. La notion de projet24

Le « projet » est la base de la pratique des animateurs. Il a pour origine une idée que l’on souhaite voir se concrétiser. Il est mis en œuvre dans un contexte donné et un territoire précis (ACM, quartiers, ville,..).

Il existe différents courants pédagogiques insufflés par des individus qui leurs ont laissé leurs noms : Maria Montessori, Célestin Freinet, Daniel Goleman, Jean Piaget, etc. Ils se basent sur des méthodes différentes d’éducation et d’apprentissages.

Le projet se décline en trois parties :

1/ Le projet éducatif : Il est généralement construit par l’élu chargé de la jeunesse dans une municipalité, par les responsables fédéraux d’une fédération de jeunesse et d’éducation populaire ou par le président d’une structure indépendante. Il donne l’orientation de la politique générale : ce sont les intentions éducatives. Il définit les choix fondamentaux, généralement donnés pour une période précise (un mandat, une année…).

2/ Le projet pédagogique : C’est la déclinaison opérationnelle du projet éducatif. Il établit un constat précis (description de l’environnement, caractéristiques du public, attentes des bénéficiaires et de leurs familles, différentes problématiques… Il fixe l’organisation et le fonctionnement général de la structure, ainsi que les objectifs à atteindre tout en tenant comptes des moyens existants (financiers, humains, matériels,).

3/ Le projet d’activité : il est la déclinaison finale du projet, il défini chaque activité avec des objectifs mesurables permettant d’atteindre les objectifs pédagogiques.

3.2. Les objectifs, les moyens, les méthodes et les critères d’évaluation des actions d’animation

Le projet n’est pas le programme. Le programme, entièrement soumis au projet, est seulement la présentation matérielle des différentes étapes de la réalisation du projet.

Quelques principes pour construire un projet :

  • Le principe d’universalité – L’élaboration des politiques de la jeunesse doit concerner tous les jeunes.
  • Le principe de continuité et de durée – Nécessité de conduire une politique adaptée aux différents âges, avec des priorités et des axes d’action à court, moyen et long terme.
  • La transparence des décisions, la visibilité et la lisibilité – Ce principe implique que chaque acteur soit informé de la répartition des missions, des initiatives et de la place que chacun doit tenir. Elle s’entend aussi par la définition des critères de décisions dans leur ensemble.
  • Le principe de transversalité – Mobiliser les services de la collectivité qui interviennent directement ou indirectement auprès des jeunes pour les amener à travailler de manière transversale à travers la mise en commun de compétences.
  • Le principe de pertinence du territoire d’intervention – Rechercher quel est le territoire le plus pertinent en matière de projet et d’action. Installer une dynamique entre les acteurs à partir de la redéfinition des lieux, des instances des décisions et d’action. Trouver une unité sociale.
  • Le principe de l’équité – Favoriser l’accès aux actions à ceux qui en bénéficient le moins. Résultante de l’universalité.
  • L’évaluation de la politique et des actions – Une évaluation cohérente se distingue du contrôle dans le fait qu’elle vise à enrichir l’expérience du groupe des acteurs.

(Voir aussi : Méthodologie de projet25 - L’auto évaluation26)

3.3. Financement et partenariat autour d’une action d’animation

Une réelle connaissance des possibilités de mobilisation de moyens financiers adaptés à la politique jeunesse par les acteurs locaux est indispensable. Les moyens financiers sont au service d’un projet et ne sont que des outils d’accompagnement et de soutien.

Les moyens financiers peuvent être contractualisés avec les partenaires institutionnels nationaux (Etat, Région, Départements…) et européens. (Il existe de nombreux programmes de financements en fonction de thématiques fixées par l’Union Européenne).

Une autre possibilité existe en utilisant les différents dispositifs actuels d’aide à l’emploi (CDD d’usage, Emplois d’Avenir, CAE - CUI, services civiques, SVE, etc.).

Bibliographie - sitothèque

Proposition d’ouvrages à consulter

  • Barreyre J.-Y., Bouquet B., Chantreau A., Lassus P. (dir), « Temps social », Dictionnaire critique d’action sociale, Paris, Bayard, 1997.
  • Ricroch L., Les Moments agréables de la vie quotidienne, INSEE, division Conditions de vie des ménages, 2011.
  • Samuel N., Le Temps libre : un temps social, Paris, Librairie des Méridiens, 1984.
  • Augustin J.-P., Gillet J.-C., L’Animation professionnelle, Paris, l’Harmattan, 2000.
  • Mignon J.-M. L’animation avant les animateurs, Augustin J.-P. ONMAS, La Documentation française, 2006.
  • Poujol G., Profession : animateur, Toulouse, Privat, 1989.
  • Rousseau M., Les métiers de l’animation. Compétences et savoir-faire, Les Cahiers Espace, 1996, n°68.
  • Durning Paul, Education familiale, Acteurs, processus et enjeux, l’Harmattan 2006
  • Fablet Dominique, les interventions Socio-Éducatives, l’Harmattan 2002

Rapports, décrets divers

  • Code de l'action sociale et des familles : article L133-6
  • Code de l'action sociale et des familles : articles L227-1 à L227-12 Code de la santé publique : articles L2324-1 à L2324-4
  • Code la santé publique : articles L2326-1 à L2326-4
  • Code pénal : articles 227-15 à 227-28-3
  • Décret n°2002-509 du 8 avril 2002 concernant les contrôles des accueils collectifs de mineurs
  • Arrêté du 29 septembre 1997 fixant les conditions d'hygiène applicables à la restauration collective
  • Arrêté du 20 février 2003 relatif au suivi sanitaire des mineurs dans les structures d'animation
  • Circulaire du 4 juin 2010 relative au contrôle et à l'évaluation des accueils collectifs de mineurs
  • (ACM) hors temps scolaire
  • Circulaire du 23 juin 2010 relative à la vérification de l'honorabilité des personnes participant à un accueil collectif de mineurs.

Sites à consulter

  • http://www.legifrance.gouv.fr
  • http://www.tessolidaire.com
  • http://www.jdanimation.fr
  • http://www.jesuisanimateur.fr http://www.planetanim.com http://www.animnet.com
  • http://www.animation-et-pedagogie.com/-Actualite-.html http://infos.emploipublic.fr/metiers/les-secteurs-qui-recrutent/les-metiers-de-lanimation-et-de-la-jeunesse
  1. ^ Jean-Pierre Augustin est professeur de géographie et d’aménagement à l’université de Bordeaux-III, spécialiste des questions relatives à l’action collective dans les villes, il dirige des recherches sur le sport, les équipements et la socioculture à la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine (INTERMET-MSHA).
  2. ^ Jean-Claude Gillet est professeur en sciences de l’éducation à l’université de Bordeaux-III, directeur du département  des métiers de l’animation à l’IUT Michel de Montaigne et chercheur au LARSEF (Laboratoire de recherche en sciences de l’éducation et de la formation). Jean-Pierre Augustin et Jean-Claude Gillet ont créé l’ISIAT (Institut supérieur d’ingénieurs animateurs territoriaux) et  sont  les auteurs de plusieurs ouvrages de référence sur l’animation en milieu urbain : Quartiers fragiles, développement et animation (PUB, 1996) ; L’animation professionnelle (éd. L’Harmattan, 2000).
  3. ^ Pour en savoir plus, lire l’article de Serge Guisset et Bertrand Chavaroche : http://www.cemea.asso.fr/spip.php?article2780
  4. ^ Note de cadrage de la CPNEF de 2013 : http://www.cpnef.com/images/stories/maquette/observatoire/notes-cadrage/Note-de-cadrage-ALISFA-2013.pdf
  5. ^ Réf : « Les métiers de la petite enfance » sur  http://www.emploipublic.fr
  6. ^ Mignon Jean-Marie, Les métiers de l'animation, DUNOD 2012.
  7. ^ http://www.collectivites-locales.gouv.fr/files/files/Synth%C3%A8se%20nationale%20Bilans%20sociaux%202009.pdf
  8. ^ http://vosdroits.service-public.fr/professionnels-entreprises/F23106.xhtml
  9. ^ http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F2108.xhtml
  10. ^ Lire aussi : http://www.collectivites-locales.gouv.fr/votre-responsabilite-administrative-et-penale
  11. ^ http://francaslca.net/fichiers/organiser/securite-legislation/responsabilites-tester-vos-connaissances.pdf
  12. ^ http://www.oned.gouv.fr/loi-reforme-protection-lenfance
  13. ^ http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006074069   
  14. ^ http://infos.emploipublic.fr/metiers/les-secteurs-qui-recrutent/les-metiers-de-lanimation-et-de-la-jeunesse/les-diplomes-professionnels-de-lanimation/apm-3705/
  15. ^ http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006069570&dateTexte=20090506
  16. ^ http://www.wikifage.org/index.php/Association_loi_1901
  17. ^ http://www.emploi-collectivites.fr
  18. ^ Réf : Décret n° 2006-1693 du 22 décembre 2006 portant statut particulier du cadre d’emplois des adjoints territoriaux d’animation – et Décret n° 97-701 du 31 mai 1997 portant statut particulier du cadre d’emplois des animateurs territoriaux
  19. ^ http://www.observatoire.cnfpt.fr/documents/012010/260110162850Synthse26panoramadesmtiers.pdf
  20. ^ Mignon Jean-Marie, Les métiers de l'animation, DUNOD 2012
  21. ^ La Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale a lancé : territoire 2020, Péréquation et aménagement du territoire. Les résultats sont parus le 10 juillet 2004, ils sont consultables sur le site de la DATAR. http://www.datar.gouv.fr/programme-de-prospective-territoires-2020
  22. ^ Guy Saez est directeur de recherche CNRS à l'UMR PACTE et professeur à l'Institut d'études politiques de Grenoble
  23. ^ http://www.culturecommunication.gouv.fr/content/download/77811/590526/version/1/file/11-Fiches-culture+2030-11-ok.pdf
  24. ^ Mignon Jean-Marie, Les métiers de l'animation, DUNOD 2012.
  25. ^ http://animpro.over-blog.com/2015/04/schema-methodologie-de-projet.html
  26. ^ http://www.cahiers-pedagogiques.com/Faire-appel-a-l-auto-evaluation-pour-developper-l-autonomie-de-l-apprenant

Auteur(s) :

BAUDINO Marc et NICOLLE Stéphane

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