Sommaire

• 2   LES RÉSULTATS DE L’ÉLECTION
  • 2.1 Sur le plan politique
    • 2.1.1 Les résultats en Europe
    • 2.1.2 Les résultats en France
      • 2.1.2.1 Au niveau national
      • 2.1.2.2 Au niveau régional
  • 2.2 Sur le plan sociologique
    • 2.2.1 L’abstention
      • 2.2.1.1 L’abstention en Europe
      • 2.2.1.2 L’abstention dans les États membres
      • 2.2.1.3 L’abstention en France
    • 2.2.2 La composition des électorats
      • 2.2.2.1 L’électorat du FN
      • 2.2.2.2 L’électorat de l’UMP
      • 2.2.2.3 L’électorat du PS
    • 2.2.3 Le profil des parlementaires

2   LES RÉSULTATS DE L’ÉLECTION

Évidemment, c’est sur le plan politique que les résultats sont le plus importants. Il n’en demeure pas moins que sur le plan sociologique ils présentent quelques particularités non négligeables.

2.1 Sur le plan politique

En raison des dimensions géographiques du scrutin, il est nécessaire de distinguer les résultats en Europe et les résultats en France

2.1.1 Les résultats en Europe

La droite a dominé les élections européennes. Le Parti populaire européen (PPE), a recueilli 28,5% des suffrages et remporté 214 élus au Parlement européen. Il perd 59 sièges par rapport à 2009.
Ces listes l’emportent dans le plus grand nombre de pays : l’Allemagne, l’Espagne, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, la Bulgarie, la Finlande, la Lituanie et la Lettonie, l’Irlande, la Pologne.
L'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE) a obtenu 8,5% des voix et 64 élus, elle perd elle aussi des sièges (19). Elle l’emporte dans trois pays : la République tchèque, l’Estonie et les Pays-Bas.
A gauche, les Socialistes et démocrates (S&D) rassemblent 25,4% des voix et obtiennent 191 sièges, un résultat en léger retrait par rapport à 2009 puisqu’ils perdent 5 sièges. Ils l’emportent dans cinq Etats : la Suède, la Slovaquie, la Roumanie, l’Italie, et la Portugal.
La Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) a recueilli 5,9% des suffrages et remporté 45 sièges, elle gagne 10 sièges et surtout elle l’emporte en Grèce, où le parti de la gauche radicale Syriza, d'Alexis Tsipras est arrivé en tête, en avance sur la Nouvelle-Démocratie (droite, au pouvoir)
Un groupe de droite mais eurosceptique, les Conservateurs et réformistes européens (CRÉE) a recueilli 6,1% des voix et remporté 45 sièges. Ils perdent eux aussi des sièges (11).
Enfin, Europe libertés démocratie (ELD), qui rassemble plusieurs formations populistes de droite et eurosceptiques, a recueilli 5,1% des suffrages et 38 élus et gagne 7 sièges.
Les partis populistes l’emportent dans quatre pays. En Belgique le Nieuw-Vlaamse Alliantie est le premier parti avec 16,35%. Il est non seulement populiste et europhobe mais aussi indépendantistes. Il est en effet favorable à la scission de la Belgique et donc à l’indépendance de la Flandre.
Au Royaume-Uni, l’UKIP de Nigel Farage est largement en tête, devant les trois partis traditionnels avec un score historique de 27,5%. Ce parti comptera 24 sièges, devant les Conservateurs 18 sièges (23,9%) et le Labour Party 18 sièges (25,4)%.
Au Danemark, l’extrême droite (Parti du peuple danois) devance les sociaux-démocrates et le centre droit avec près de 27% des voix, contre respectivement 20,5% et 17,2%. Il emporte 4 sièges alors qu’il n’en avait qu’un seul dans le Parlement sortant.
En France, le Front national arrive en tête et emporte 24 sièges sur les 74.
Dans d’autres pays, les populistes europhobes n’arrivent peut être pas en tête, mais progressent. En Allemagne, le parti anti-euro AFD, créé au printemps 2013, réalise un score de 6,5% qui lui permet de faire son entrée au Parlement européen de plus un député du NPD qui est quasiment nazi a été élu.
En Italie, le Mouvement Cinq étoiles de l'ex-comique Beppe Grillo est crédité de 22,4% des suffrages, et emporte 20 députés, derrière le Parti Démocrate du Président du Conseil, Matteo Renzi (41,4%) et devant le Forza Italia de Silvio Berlusconi (15,7%). La Ligue du nord, alliée en Europe du Front National, n’obtient que 6,1% et perd 4 députés sur 9.
En Autriche, le parti d'extrême droite FPÖ progresse nettement et arrive en troisième position, avec 20,5% des suffrages, en hausse de plus de cinq points par rapport à 2009 il dispose de 4 sièges contre 2 en 2009. .En Pologne, un petit parti europhobe, le Congrès de la nouvelle droite (KNP), a obtenu 7,2% des voix et envoi 4 députés à Strasbourg.
En Suède, les Démocrates suédois arrivent en sixième position mais avec 7% des suffrages et 2 eurodéputés alors qu’ils n’en avaient aucun.
En Finlande, les Vrais Finlandais arrivent en troisième position (13%) et obtiennent 3 sièges au Parlement européen, un de plus qu'en 2009.
En Hongrie, l’extrême droite ultra nationaliste du Jobbik arrive en deuxième position derrière le parti conservateur du dirigeant Viktor Orban avec 15% des suffrages et obtient 3 sièges.

2.1.2 Les résultats en France

2.1.2.1 Au niveau national

L’Union pour un mouvement populaire (UMP) (20,7%), a été devancé par le Front national (FN), qui a recueilli 24,9% des suffrages, soit 18,6 points de plus qu’en 2009. Le résultat du FN apparaît autant, voire davantage, comme un effondrement des partis de gouvernement et notamment le Parti socialiste que comme un succès du FN. Il souligne une véritable défiance des Français à l’égard de la classe politique et une progression des inquiétudes quant à l'avenir du pays.

2.1.2.2 Au niveau régional

Dans toutes les circonscriptions à l’exception de l’Ouest, de l’Ile de France et de l’Outre-mer, le Front national est en tête. C’est dans le Nord-Ouest et le Sud-Est qu’il emporte le plus de sièges (5).

2.2 Sur le plan sociologique

2.2.1 L’abstention

Elle connait des valeurs et des évolutions assez proches au niveau européen et au niveau français.

2.2.1.1 L’abstention en Europe

En moyenne en Europe, l’abstention qui avait tendance à croître ces dernières années a marqué un léger recul puisqu’elle est passée de 59,4 % en 2009 à 54,71 % cette année.

2.2.1.2 L’abstention dans les États membres

L’abstention est en baisse dans plusieurs grands pays européens. En Allemagne, elle avait atteint 56,7% en 2009, elle est tombée à 53%. Les pays de l’Est ont été les plus mauvais élèves de ces élections européennes. La Slovaquie bat tous les records avec 87%. Ce pays est habitué à un grand désintérêt vis-à-vis de l’Europe puisqu’en 2009 déjà, le pourcentage d’abstention était de 79,3 %... La Tchéquie suit avec 80,5% ainsi que la Slovénie (79,5 %) et la Pologne (77,3 %).

Quant à la Belgique et au Luxembourg ils n'enregistrent, que 10% d'abstention, il faut dire que le vote y est obligatoire. En dehors de ces pays, c’est Malte qui a le plus voté (25% d’abstention) de tous les pays européens devant l’Italie (40% d’abstention).

2.2.1.3 L’abstention en France

Les Français ont moins boudé les élections européennes que prévu. C’est un événement marquant puisque cela ne s’était pas produit depuis les élections de 1994. Entre 1989 et 1994, l’abstention était passée de 51% à 47%. Depuis, la participation au scrutin européen n’avait fait que diminuer dans de larges proportions.

L’abstention aux européennes en France

Toutefois ce regain d’intérêt doit être relativisé. Les élections européennes restent le scrutin qui enregistre le taux d’abstention le plus fort en France (50,92 % en moyenne). A titre de comparaison, l’abstention aux municipales 2014 s’élevait à un peu plus de 36%.

L'abstention aux élections européennes est encore plus frappante lorsqu'on s'intéresse au profil des personnes qui ne se sont pas déplacées. Chez les 60 ans et plus, ils sont 40% à s'être abstenus alors que ce pourcentage passe à 59% chez les 35 à 59 ans. Mais chez les jeunes, les chiffres sont beaucoup plus élevés puisque 73% des moins de 35 ans ne sont pas allés voter.
Les catégories populaires ont très majoritairement déserté les urnes. L’abstention s’élève à 70% chez les personnes issues de foyers gagnant moins de 20 000 euros bruts par an pour 50% chez celles issues de foyers gagnant plus de 50 000 euros annuels. 69% des chômeurs, 68% des employés et 65% des ouvriers se sont abstenus contre 53% des cadres et professions intellectuelles supérieures.
Plus de 60% des individus à faible niveau de diplôme ne se sont pas rendues aux urnes, pour 48% de ceux à haut niveau d’études.
Sur un plan politique, on remarquera que la mobilisation de l’électorat de droite et du FN a été supérieure à celle de l’électorat socialiste. 58% des électeurs de François Hollande en 2012 ne se sont pas rendus aux urnes alors que 50% de ceux de Marine le Pen et 48% de ceux de Nicolas Sarkozy se sont abstenus. Comme aux municipales, il y a bien eu abstention différentielle entre électeurs de gauche et de droite lors ces élections européennes. On notera que c’est au sein des électorats du Front de Gauche (57%) et de l’UDI (57%) que la participation a été la plus importante.

Comment peut-on expliquer un tel phénomène. Les sondages montrent que c’est la défiance à l’encontre du politique qui est mise en avant le plus souvent par les français. 32% de ceux qui se sont abstenus évoquent comme raison principale le fait « que ces élections ne changeront rien à leur vie quotidienne », c’est donc l’impuissance du politique qui expliquerait le phénomène. Mais c’est aussi, la défiance à l’égard du personnel politique qui justifierait l’abstention. 26% des sondés disent en effet s’être abstenus pour « exprimer leur mécontentement à l’égard des hommes politiques ». Enfin, le manque d’informations sur les élections européennes justifierait selon 21% des français leur comportement abstentionniste.

2.2.2 La composition des électorats

2.2.2.1 L’électorat du FN

Il est composé de jeunes puisqu’il est le premier parti au sein des moins de 35 ans (30% contre 15% au PS et 15% à l’UMP) et des 35-59 ans (27% contre 18% à l’UMP et 12% au PS).
Les électeurs du FN sont issus principalement des couches populaires et modestes de la société : 43% des ouvriers, 38% des employés, 37% des chômeurs, 30% des foyers à bas revenus, et 37% des personnes à faible niveau de diplôme.

2.2.2.2 L’électorat de l’UMP

L’UMP conserve sa traditionnelle suprématie sur l’électorat des plus de 60 ans (25% contre 21% au FN et 17% au PS).
Les cadres supérieurs et dans une moindre mesure les professions intermédiaires y sont le mieux représentés.
On remarquera que les ouvriers y sont plus nombreux que dans l’électorat socialiste. Le niveau d’études (bac+3) y est pratiquement aussi élevé (18%) qu’au PS (19%), alors que le niveau de revenu (30 000 - 50 000 € annuels) y est aussi élevé (23%) qu’au FN (24%).

2.2.2.3 L’électorat du PS

Cette élection vient également confirmer la fracture grandissante entre l’électorat populaire et le Parti socialiste : seuls 8% des ouvriers et 11% des bas revenus ont voté pour une liste socialiste.
Les cadres supérieurs y sont aussi nombreux qu’à l’UDI-Modem (17%) quant aux professions intermédiaires elles sont pratiquement aussi nombreuses qu’à l’UMP.

2.2.3 Le profil des parlementaires

Parmi les 74 députés européens élus en France, la parité est presque respectée puisque on compte parmi eux 32 femmes et 42 hommes, soit 43.24 % et 56.75 %.
L’âge moyen est de 55 ans. Ce qui explique que le plus grand nombre de députés soit âgé de 50 à 59 ans, soit 36,48 %. Si cette réalité se confirme pour les hommes (22.97%), elle ne l’est pas pour les femmes dont le groupe le plus important est constitué par les 60-69 ans (16.21 %). Le député le plus jeune a 33 ans, le plus ancien 86 ans, l’écart est considérable.

Les parlementaires sont généralement issus des catégories supérieures de l’espace social, avec une prédominance des professions intellectuelles supérieures (64.86 %) : les enseignants (16,24%) et les professionnels de l’information, de la communication et du spectacle (13.51%), et les professions libérales (22.9%).

Les ouvriers ne représentent que 1.35 % des députés européens français.

Un quart d’entre eux vient du secteur public parmi lesquels les enseignants des différents niveaux sont les plus nombreux.

Le secteur privé est plus important puisqu’un tiers des députés y appartiennent. Ce sont les professions libérales qui sont les mieux représentées (22.9% de l’ensemble).

Enfin, ceux qui n’exercent aucune profession sont peu nombreux (3) alors que ceux qui font profession de la politique sont 13 soit 17.66%.

Plus de la moitié (59.4%) sont issus de la société civile, alors que d'autres contribuent depuis plusieurs années à la vie politique nationale et européenne.

Parmi les détenteurs de mandats ce sont les conseillers régionaux qui sont les plus nombreux (66.35%) en tenant compte d’un président de Conseil régional. Les conseillers municipaux quant à eux sont moins nombreux (20.26%) en tenant compte là aussi de ceux qui exercent un mandat de maire.

• CM : Conseil municipal
• CR : Conseil régional
• CG: Conseil général
• Pt CR : Président de Conseil régional
• Pt CG : Président de Conseil général