Source : INSEE

Sommaire

Des domaines à investir

Au sein de l’arc des Petites Antilles, les six îles habitées de l’archipel guadeloupéen bénéficient d’une biodiversité élevée. Néanmoins, au fil du temps, le développement de l’agriculture et plus récemment l’expansion de l’urbanisation ont entraîné des modifications importantes sur ces territoires.

Au regard d’une stratégie de développement durable, l’aménagement du territoire constitue un enjeu essentiel. La densité de la population est élevée en Guadeloupe et la pression est forte, aux plans démographique et économique, notamment parce qu’une surface importante du territoire n’est pas habitable (ex : zone centrale montagneuse et forestière de la Basse Terre). Déchets, énergie, pollutions, eau autant de sujets qui nécessitent de vrais choix, donc de vrais débats, car ils impactent la vie quotidienne et l’avenir des Guadeloupéens.

Un environnement naturel fragile

La Guadeloupe abrite un parc national qui recouvre notamment la forêt tropicale et le massif montagneux de la Basse- Terre. Ce parc s’étend sur 116 000 ha et concerne 21 des 32 communes de la région. Il comporte également une aire maritime adjacente de 131 000 ha. Par ailleurs, en 2008, l’inventaire des zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a répertorié 75 zones couvrant un total de 23 230 hectares.

Des risques naturels importants

Situé dans la mer des Caraïbes, l’archipel est marqué par des passages de cyclone et une activité tellurique qui ont un caractère récurrent et représentent un risque non négligeable pour les infrastructures. La Guadeloupe abrite le volcan le plus élevé des Antilles, la Soufrière (1467m).

Au regard de l’aléa sismique, la carte de France est subdivisée en cinq zones (classées de 1 à 5, le niveau le plus fort). Le seuil maximal ne concerne que les Antilles, où l’encadrement réglementaire est très sévère. Et pas seulement pour les tremblements de terre. Quand les ouragans Hugo et Dean ont frappé la Guadeloupe et la Martinique, le parc HLM a très peu souffert. D’après des experts, les immeubles récents - construits dans le strict respect de la réglementation parasismique - résisteraient à un tremblement de terre d’une magnitude de 6 à 8, selon que l’épicentre est proche ou lointain, profond ou plus en surface.

La gestion des déchets en Guadeloupe, un passif important

Les îles et les archipels sont confrontés à des difficultés multiples pour arriver à bien gérer les déchets produits par les populations et leurs activités. Les volumes de déchets ne sont pas toujours suffisants pour justifier l’implantation de filières locales. De ce fait, les matières valorisables triées doivent souvent être transférées hors du territoire. Spécificité guadeloupéenne, l’humidité ambiante entraîne à la fois la dégradation plus rapide des matières organiques et le vieillissement accéléré de certains équipements.

Le traitement des déchets en Guadeloupe, un passif important

Les collectivités territoriales guadeloupéennes n’ont entrepris que récemment, une démarche structurée visant à développer la filière du traitement des déchets.

En 2005, la Guadeloupe à produit 242 000 tonnes de déchets. La région fait figure de mauvais élève au regard de la présence de décharges illégales. En 2007, elle abritait encore sur son sol 13 des 45 décharges illégales présentes sur le territoire français. Depuis, la situation s’est quelque peu améliorée : neuf d’entre elles ont été fermées en 2008. Selon les inventaires non exhaustifs du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), 14 décharges anciennes présentes sur l’archipel totaliseraient 3,5 millions de m3 de déchets (sans inclure la Gabarre). Entre 2008 et 2010, leurs réhabilitations ont été prescrites par arrêté préfectoral. Le coût moyen de la réhabilitation d’une de ces vieilles décharges est d’environ 1,2 million d’euros et est éligible aux fonds de l’Ademe. Le gisement des déchets industriels, c’est-à-dire des déchets produits par les entreprises, représenterait 50 % de la production de déchets de la région. En 2008, il serait compris entre 240 000 et 300 000 tonnes (un tonnage supérieur à celui des ordures ménagères), malgré la présence de nombreux matériaux recyclables (emballages papiers, cartons, bois). Près du quart des gisements de DIB (déchets industriels banals) serait collecté avec les ordures ménagères contre moins de 5 % pour l’ensemble de la France.

Entre 2008 et 2010, ont été adoptés plusieurs plans déterminants pour la stratégie de développement des moyens de traitement des déchets :

  • le Plan départemental des déchets ménagers et assimilés (PDEDMA)
  • le Plan régional d’élimination et de gestion des déchets dangereux (PREGEDD)
  • le Plan de gestion départementale des déchets du BTP.

D’autre part, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, l’État s’est engagé à effectuer un effort de solidarité nationale envers les collectivités territoriales d’Outre-mer pour en faire les vitrines du développement durable.

Des objectifs ambitieux à l’horizon de 2020

Les actions prioritaires définies par le nouveau PDEDMA devront notamment permettre l’amélioration des performances de la Guadeloupe en matière de collecte sélective et de recyclage des déchets. L’objectif est de passer de 5 % de déchets valorisés aujourd’hui à plus de 80 % à l’horizon 2020. Outre des bénéfices environnementaux évidents, la mise en oeuvre du plan aura également un impact sur le développement économique. Elle devrait générer plus de 300 emplois directs. D’autre part le recyclage de déchets comme, par exemple, les bouteilles en plastique, générera de l’ordre de 90 000 tonnes par an de matière première dite «secondaire».

Le montant total des investissements prévus dans le cadre du PDEDMA à réaliser d’ici 2020 est estimé à près de 260 M€, afin de mieux gérer les quelques 580 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés attendus à cette date. Opérationnel depuis le 20 août 2009, le Centre de stockage des déchets non dangereux (CSDND) marque le point de départ d’une nouvelle gestion des déchets en Guadeloupe. La création d’une plate-forme environnementale multi filières de dernière génération de traitement des déchets, répondra à la volonté de privilégier une politique de valorisation maximale : 90 % des déchets traités devraient y être valorisés chaque année.

Un développement durable pour préserver l’avenir

L’enjeu des énergies renouvelables

Vis-à-vis de l’énergie, la Guadeloupe se trouve dans une situation de dépendance importante. En 2006, son taux de dépendance énergétique est supérieur à 90 % contre 54 % en métropole(1). Cette situation tient au fait que 90 % de l’énergie primaire consommée est d’origine fossile. Celle-ci est composée à 72 % de produits pétroliers et à 18 % de charbon importés principalement d’Europe alors que la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire est d’environ 10 %.

Depuis le milieu des années 80, la consommation d’énergie électrique ne cesse de croître. Durant la période 2000- 2008, elle a progressé de 36 %, soit un rythme annuel moyen de 4 %. Pourtant, sur un archipel dépourvu de gisement de ressources fossiles, la maîtrise de l’énergie représente un défi permanent. La loi Grenelle 1 du 3 août 2009 fixe pour la Guadeloupe des objectifs ambitieux en termes de politique énergétique, à savoir l’autonomie énergétique à l’horizon 2030. La Région Guadeloupe a élaboré le «Plan énergétique Régional pluriannuel de prospection et d’exploitation des Énergies Renouvelables et d’Utilisation Rationnelle de l’Énergie» (PRERURE). Il vise une indépendance énergétique à l’horizon 2020 proche des 50 % grâce à ces énergies renouvelables. Cet objectif volontariste suppose un développement des énergies renouvelables et la maitrise de la demande d ‘énergie. L’installation de chauffe-eau solaire thermique devenu obligatoire dans les logements neufs à partir de 2011 va dans ce sens. Entre 1994 et 2005, dans le cadre du plan régional de maîtrise de l’énergie (PRME), les efforts entrepris en matière de maîtrise de l’énergie, ont permis de réaliser une économie d’énergie fossile de près de 366 GWh, soit une économie de 292 tonnes de CO2.

Si on projette la tendance actuelle, les énergies renouvelables assureraient 21% de la production totale d’électricité. Au cours des dix dernières années, leur part a augmenté. Elle est passée de 4 % en 1998 à 14 % en 2008. Elles concernent notamment :

  • la géothermie : en 2008, les sites de Bouillante ont produit plus de 5 % de l’électricité du département ;
  • l’hydroélectricité : une contribution estimée à moins de 2 % de la production totale ;
  • la biomasse : l’usine de CTM (charbon-bagasse) alimentée en bagasse pendant la campagne sucrière (4 à 5 mois) ;
  • l’éolien : avec 13 sites, il contribue à hauteur de 3 % de l’électricité produite en 2008 ;
  • le solaire photovoltaïque : la contribution des installations raccordées au réseau ne représente que 0,2 % de la production totale d’électricité en 2008.

(1)- Source : données 2006 PRERURE

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Des transports gourmands en énergie

Le secteur des transports est le deuxième en termes de consommation d’énergie derrière le secteur de l’habitat. En raison de la faible utilisation du transport maritime, sauf à destination des autres îles de l’archipel, la route assure la quasi- totalité des déplacements : marchandises et personnes. Le réseau arrive à saturation en raison de l’essor de l’usage des véhicules particuliers et du retard pris dans l’organisation des transports en commun.

Maîtriser les déplacements

La polarisation des activités économiques autour de l’agglomération pointoise et l’allongement des distances domicile-travail du fait du développement de la périurbanisation génèrent une forte croissance des déplacements. En conservant les mêmes tendances récentes, les infrastructures actuelles de transport seraient saturées à l’horizon 2025, générant une forte augmentation des consommations du secteur des transports. Dans ces conditions, rééquilibrer le territoire guadeloupéen en créant des pôles d’activité alternatifs à l’agglomération pointoise devrait permettre d’améliorer cette situation.

Développer une offre de transports publics performants

En 2008, en Guadeloupe, le parc roulant (hors deux roues) est estimé(2) à 241 000 véhicules dont 84 % de véhicules particuliers. La consommation d’énergie globale faite dans le domaine des transports (y.c. les transports maritimes desservant l’archipel) est estimée à 290 000 TEP. Les véhicules particuliers consomment les trois quarts de cette énergie, suivis par les véhicules utilitaires légers avec 14 %, puis les autocars et poids lourds (2 %). En termes de pollution, entre 2006 et 2010, l’augmentation de production de gaz carbonique (CO2) est continue. En 2010, en Guadeloupe, les transports de voyageurs ont produit 628 000 tonnes de CO2 dont 95 % par les véhicules particuliers.

Ces quelques chiffres montrent combien le développement progressif de l’offre de transports publics, est nécessaire pour maîtriser une évolution dommageable pour l’environnement. La rationalisation des lignes existantes constitue un premier pas, leur développement un second. Apparus en 2008, les premiers titres de transport liés à la réorganisation dans le transport représentent un volume de cinq millions de billets au cours de l’année 2009.

Différents secteurs ont un impact sur l’environnement. En 2008, les transports (37 %), le résidentiel (30 %) et les entreprises (24 %) produisent la quasi-totalité des gaz à effet de serre. Enfin en 2007, 106 établissements guadeloupéens, principalement industriels (les autres étant des établissements de santé ou des sites de stockage) sont classés pour la protection de l’environnement et soumis à autorisation préfectorale. Quatre d’entre eux relèvent de la directive Seveso.

(2) - Rapport MaseO-DEAL-ADEME (avril 2011)

Vers une agriculture respectueuse de l’environnement

L’agriculture a également un impact sur l’environnement. A ce titre, l’usage de la chlordécone, pesticide autrefois employé pour lutter contre le charançon du bananier a entraîné une pollution des sols agricoles sur près de 7 000 hectares se situant principalement dans la zone du Sud Basse-Terre. Le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) en cours de révision s’est donné pour objectif de préserver 50 000 hectares de Surface agricole utile (SAU) pour permettre d’assurer les productions agricoles destinées au marché local et à l’exportation. Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, le plan ECOPHYTODOM qui est en cours d’application en Guadeloupe, a été mis en place et vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides dans l’agriculture d’içi 2018. Par ailleurs, les organismes de recherche agronomique INRA et CIRAD présents en Guadeloupe développent depuis quelques années des systèmes agricoles innovants à Haute Performance Environnementale (HPE) valorisant la biodiversité tropicale et limitant l’impact environnemental de l’agriculture. La mise en oeuvre progressive de ces systèmes par les agriculteurs aura pour effet de permettre à la Guadeloupe de maintenir sinon d’augmenter et diversifier la production agricole et agro-industrielle en vue de satisfaire les besoins alimentaires et non alimentaires de la population tout en améliorant la qualité de son environnement naturel.

Gestion et protection de la ressource en eau

En 2009, la population de la Guadeloupe (hors îles du Nord) a consommé 22 millions de m3 d’eau. C’est près de 6 % de moins qu’en 2005. La consommation annuelle par abonné continue à diminuer : de 179 m3 en 2005, elle est passée à 152 m3 en 2009.

Déclarée satisfaisante, la qualité de l’eau fait l’objet de contrôle sur 55 captages alimentant 54 stations de traitement et 57 unités de distribution. Les périmètres de protection s’affirment comme un outil privilégié pour prévenir et diminuer les causes de pollutions locales ponctuelles et accidentelles susceptibles d’altérer la qualité des eaux prélevées.

Si presque toute la population guadeloupéenne est desservie en eau potable (98 % en 2008), le rendement est mauvais en raison de la vétusté des réseaux : seulement 53 % de l’eau potable arrive au robinet des usagers. La gestion de l’eau en Guadeloupe est particulièrement délicate. En effet, les déséquilibres sont importants, notamment entre Basse-Terre et Grande-Terre. Pour assurer une gestion durable de l’eau, un Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) a été signé fin 2009. En Guadeloupe, une très grande disparité existe entre les communes en ce qui concerne la quantité de la ressource en eau disponible, mais aussi la qualité des infrastructures et du prix de l’eau. Le SDAGE préconise d’aller vers un regroupement des structures de production et de distribution d’eau potable afin d’optimiser les investissements à réaliser et de favoriser une solidarité à l’échelle du territoire.

Établi pour une période allant de 2010 à 2015, ce schéma permettra d’améliorer l’assainissement, de lutter contre les pollutions et de faire face aux besoins en eau de la population guadeloupéenne. La préservation des fonctionnalités écologiques et l’amélioration de la gouvernance y sont inscrites.

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