Par Carine Puyon
Dernière mise à jour : décembre 2018

La scénographie consiste à mettre en œuvre tous les éléments (plastiques, techniques..) qui permettent l’élaboration d’un projet culturel (concert, exposition, spectacle…).

Elle désigne aussi toute l’organisation autour de l’espace qui va être mis en scène grâce à la coordination de l’ensemble des moyens (techniques, humains, artistiques).

Le chef de projet est bien souvent le scénographe, il doit composer avec les volumes, les objets, les couleurs, les lumières…, il ne doit pas seulement « décorer » l’espace, il doit concevoir un lieu destiné à accueillir du public pour une manifestation.

1. Éléments de scénographie

  • le mur, la cloison (support, séparation, guide) délimite l’espace et détermine les passages et la circulation) ;
  • la cimaise (support mural) ;
  • les vitrines abritent et protègent de la chaleur, de la lumière, de l’humidité, des vols et dégradations. Elles mettent en valeur et sont des éléments barrières entre le visiteur et l’objet ;
  • les socles sont des éléments d’aménagement de l’espace de dimension illimitée, mais aussi des séparateurs. Ils permettent de mettre en valeur et protègent les œuvres. Il est préférable de prévoir un seul objet par socle ;
  • le panneau sert à compléter la présentation en diversifiant l’accrochage pour éviter la monotonie ;
  • l’éclairage est un élément essentiel de la présentation qu’il met en valeur. C’est un moyen de communication puisqu’il participe pleinement au style de l’exposition.

Conseils sur l’éclairage :

  • sur les œuvres en 2 dimensions (tableau), éclairage uniforme ;
  • sur les œuvres en 3 dimensions (sculpture), éclairage ponctuel qui met en valeur le relief.

La lumière naturelle

Actuellement, l'utilisation de la lumière du jour pour l'éclairage des salles d'exposition reste liée à un parti pris architectural. Cependant, elle peut s'avérer insuffisante, voire inadéquate. Qu'elle soit zénithale (en plafond) ou latérale (fenêtre), la lumière naturelle ne doit jamais pénétrer directement dans les locaux. La lumière « zénithale » est considérée comme la plus neutre et uniforme.

La lumière artificielle

Elle permet une grande souplesse d'utilisation.

Direction - elle est donnée par l'implantation et l'orientation de la source lumineuse.

Coloration – filtres.

Reflets - Les surfaces vitrées se comportant parfois comme de véritables miroirs, il peut paraître fastidieux, voire impossible, de supprimer totalement les effets de réflexion.

Intensité - Pour le respect des normes de conservation, intégrer au circuit électrique des variateurs d'intensité.

Différents types d’éclairages artificiels

  • Les lampes fluorescentes tubulaires : Les principaux avantages de ce type d'éclairage sont le faible coût d'installation et de maintenance, une efficacité lumineuse élevée et une importante durée de vie.
  • Les lampes à incandescence standard : On tend à les remplacer par des lampes tungstène-halogène.
  • Les lampes tungstène-halogène : Elles sont d’une durée de vie importante et accroissent l'efficacité lumineuse.
  • Les lampes à vapeur de sodium haute pression : Efficacité lumineuse, durée de vie, et absence quasiment totale d'ultraviolets, sont les caractéristiques utiles pour l'éclairage des lieux d’exposition.

2. La phase de conception

C’est pendant cette phase que le projet prend forme dans l’espace, le contenu imaginé doit être concrétisé. Il faut alors faire preuve de créativité, d’imagination et de rigueur. Cette phase est la plus longue et peut demander de 6 à 12 mois avant l’ouverture du projet.

2.1. La création

Partir d’un croquis sommaire qui permet de donner le point de départ du projet. La recherche prend une part importante dans le développement de l’idée. L’idée va évoluer vers des esquisses ou des photomontages plus explicites. Si besoin, pour la meilleure compréhension de tous, on peut mettre en maquette l’idée générale.

Il sera nécessaire de fournir des plans de l’installation pour que les équipes techniques et l’ensemble des participants au projet puissent se repérer dans l’espace.

Il est impératif de fournir des plans de masse en intégrant les contraintes de sécurité et le sens de circulation (avec cotations) pour la phase d’exécution.

2.2. La mise en espace

L’organisation spatiale de l’exposition est liée aux conditions techniques de mise en œuvre : requalification des salles, modification des volumes, aménagement temporaire, constructions éphémères, panneaux-supports mobiles, cloisons modulaires démontables, estrades, sont autant de moyens de réaliser une mise en espace spécifique à chaque exposition.

  • Déterminer le parcours de l’exposition selon la structure du lieu, en tenant compte de l’espace (proportion, nombre de salles...), des caractéristiques techniques du bâtiment (mur en pierre, bâtiment classé…) et des contraintes techniques (type d’accès, plancher technique, murs porteurs...) ;
  • Lister les œuvres à mettre en valeur ;
  • Déterminer le choix des lumières qui donneront l’ambiance ;
  • Faire des choix graphiques ;
  • Tenir compte du type d’exposition (exposition temporaire - la solidité des structures et des matériaux n’est pas mise à l’épreuve longtemps, exposition permanente - qui exige une mise en place solide et pérenne, exposition itinérante - doit intégrer des contraintes de montage et démontage, modules solides qui doivent s’adapter à tous les lieux d’accueil) ;
  • Alimentations techniques (il faut s’adapter à l’existant ou « l’effacer » sans l’altérer, penser aux passages de câbles, systèmes de fixation, éclairage ou occultation de la lumière naturelle) ;
  • Constituer un environnement sonore.

Conseils pour l’environnement sonore :

En vue du vernissage de l’exposition, il ne faudra pas oublier de prévoir une sonorisation. À cet effet, les initiateurs du projet ou les représentants de la collectivité pourront s’adresser au public (micro, ampli…).

Par ailleurs, il est parfois courant de diffuser, le soir de l’ouverture de l’exposition ou pendant toute sa durée, un fond musical ou un fond sonore. Si vous souhaitez diffuser de la musique au cours de la manifestation que vous organisez, vous devez obtenir l'autorisation préalable des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, et leur verser une rémunération.

La société qui se charge de vous donner les autorisations s’appelle la SACEM, elle vous adressera alors un contrat. Les droits d'auteur subsistent 70 ans après le décès de l'auteur. Quinze jours au moins avant la manifestation, demander à la SACEM l’autorisation d’utilisation en public des œuvres de son répertoire pour la manifestation que l’on souhaite organiser (spectacle divers, concert, récital, gala, bal même gratuit).

3. La phase d’exécution

On peut assimiler la phase d’exécution à un chantier de bâtiment. Le planning prévisionnel, ou rétro-planning est l’élément indispensable du projet qui prend tout son sens dans cette phase du projet. Il est indispensable dans cette phase de répartir le rôle et les actions de chacun.

Il est important d’identifier les dispositions à prendre pour décliner les propositions issues du projet soit :

  • le planning de validation des décisions et réunions de concertation ;
  • l’ordre d’accrochage et règles d’accrochage ;

L’encadrement, la signalétique, le graphisme participent de l’atmosphère du lieu d’exposition et contribuent à la bonne présentation des œuvres. Ces aspects apparemment secondaires ne doivent pas être négligés. Les œuvres sont accrochées par ensemble, afin de déterminer le rapport entre les couleurs, les formats et calculer les espacements.

  • Le dispositif de présentation des œuvres pour leur conservation et leur protection ;
  • le mobilier, les supports des œuvres, les assises ;

On pourra réaliser des supports d’œuvre dans un matériau tel que l’on puisse directement y fixer vis ou crochets assurant le support de l’œuvre, sans tige intermédiaire. Pour les socles, parmi les techniques simples, peu coûteuses et recyclables à l’infini, des caissons en contreplaqué sur ossature bois, que l’on repeint avant chaque exposition. Pour les panneaux, dans certains cas, il est même possible de les dessiner de telle façon que leur stockage, lorsque l’on souhaite laisser libre l’ensemble de la salle, s’effectue simplement en les disposant contre l’une des parois de la salle. Les proportions ou la disposition de ces panneaux devront leur donner une stabilité suffisante, non seulement vis-à-vis de l’accrochage des œuvres, mais aussi pour résister au basculement sous l’éventuelle poussée du public, en cas de panique.

  • la réalisation de dessins, plans, coupes ou élévations ;
  • le calendrier de réalisation, planning prévisionnel ou rétro-planning qui va ordonner les interventions des différents corps de métiers nécessaires au montage de l’exposition.

Il faut tenir compte des périodes de préparation, de fabrication des ouvrages en atelier ainsi que des délais d’approvisionnement des matériaux. Ce planning sert de référence à tout le monde mais doit garder une certaine souplesse en fonction des aléas (retard de livraison, problème technique, demande supplémentaire...) ;

  • le budget prévisionnel ;
  • la fabrication et le chantier. Chaque phase est à surveiller, pour contrôler la bonne façon des ouvrages, les finitions, s’assurer du respect du calendrier ;

Les matériaux utilisés pour la fabrication des décors devront répondre à des normes strictes de réaction au feu (se référer aux normes de classement européennes. Concernant les peintures, il existe la peinture intumescente qui permet d’ignifuger les supports (peinture au coût élevé à prévoir dans le budget). Les tissus peuvent être déjà résistants au feu, sinon il existe une solution que l’on applique par pulvérisation.

  • l’organisation des opérations de réceptions ;
  • l’organisation des conditions matérielles: acoustique, isolation phonique, mobilier spécifique, alimentation électrique, câblage, maintenance ;
  • la fabrication des cartels ou de la signalétique.

Pièce indispensable pour une exposition, le cartel est l’étiquette qui accompagne l’œuvre. Il peut être réalisé sur place avec un minimum d’équipement informatique. Dans la rédaction comme dans la mise en œuvre, il convient de prendre garde à la diversité des publics : enfants, étrangers, malvoyants doivent pouvoir bénéficier d’une information complète. Le texte peut prendre une importance variable. Dans le graphisme, on doit privilégier la lisibilité des textes, avant l’esthétique du cartel. Dans le choix du support et de son emplacement, le cartel devra être en vue avec l’objet exposé, il ne devra pas en gêner la perception, ni en détourner l’attention. Il devra être suffisamment éloigné de l’œuvre pour qu’un visiteur s’attardant à sa lecture n’en masque pas la vue. S’il est toujours placé au même endroit, il sera plus facilement repéré et en même temps, il se fera oublier.

Le chef de projet assure le suivi et fait remonter les informations et son ressenti, afin de permettre une réadaptation si besoin, en réunion.

4. Le suivi de la réalisation

Dans la phase de réalisation, on rentre directement dans le projet, tout le travail de préparation fait en amont prend ici tout son sens. Il est donc important d’avoir bien finalisé les trois étapes précédentes.

Il est maintenant temps de :

  • conduire et coordonner des actions successives ;
  • assurer un contrôle affiné des tâches de mise en place ;
  • adapter les objectifs, échéances et moyens, aux contraintes qui arrivent à ce moment-là du  projet ;
  • identifier les dispositions à prendre ;
  • communiquer régulièrement sur l’avancée du projet en faisant régulièrement des comptes rendus sur l’avancement du projet, à la fin de chaque action.

Le directeur du projet doit être capable à tout instant de modifier la stratégie et d’adapter les moyens et les ressources.

La scénographie doit intégrer, dans toutes les étapes de conception, les normes de sécurité et d’accessibilité des publics. Lors de l’installation et de la mise en place de l’exposition, il faut respecter certaines règles :

4.1. Sécurité du public

  • il faut prévenir les risques de chute, de coupure… ;
  • maintenir les espaces de circulation en fonction du nombre de visiteurs (unité de passage, 1 unité = 90 cm - 2 unités = 140 cm) ;
  • les matériaux installés doivent répondre à des critères de réaction au feu (tissus ignifugés, matériaux coupe-feu 1 h ou plus…) ;
  • ne pas bloquer ou cacher les organes de sécurité du bâtiment (sortie de secours, extincteurs..) ;

Les moyens d’extinction incendie, l’éclairage de sécurité et les repères d’évacuation seront installés dans l’espace d’exposition. Les issues de secours doivent être accessibles et ne pas être bloquées par des décors, rideaux ou meubles. Les blocs lumineux doivent rester bien visibles et ne pas être cachés par des tissus.

  • respecter les règles de résistance au feu des matériaux utilisés ;
  • avant le début de l’exposition, une commission de sécurité impliquera de fournir tous les documents techniques des éléments installés ;

4.2. Accessibilité du lieu

Tous les lieux accueillant du public doivent être rendus accessibles aux personnes à mobilité réduite et quel que soit leur handicap.

4.3. La sécurité et la conservation des œuvres

  • Tenir compte des contraintes liées à la préservation des œuvres et matériaux sensibles vis-à-vis des conditions climatiques, ainsi que des solutions de prévention des risques d’altération et d’accident liés aux conditions d’exposition, de mise en réserve.
  • Prévoir le mode d’acheminement des œuvres.
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