Par Frédérique Thomas

Dernière mise à jour : juillet 2018

1. Propos liminaires

Les pratiques sportives sont des supports essentiels de la vie sociale. Elles sont sources d’engagement et d’épanouissement personnel: elles constituent, à ce titre des supports éducatifs à part entière. Si la pratique d’un sport n’est pas automatiquement socialisante ou éducative, il faut reconnaître que le sport recèle de fortes potentialités et spécificités éducatives et sociales, ayant des impacts indirects sur la cohésion sociale. Pour qu’il puisse exprimer ces potentialités, il est en revanche crucial de se placer dans une démarche de projet.
L’idée d’un sport automatiquement éducatif est aujourd’hui datée. Le principe qui fait aujourd’hui consensus est que le sport est une pratique sociale et culturelle recelant un certain nombre de spécificités qui peuvent (sous certaines conditions) apporter une plus-value à un projet plus global centré sur l’individu.
Dans cette perspective, l’idée est bien de montrer que les acteurs du sport sont un maillon d’une continuité éducative, et que par conséquent ils ne peuvent travailler seuls.

2. Les actions menées par l’Etat : contexte général

Le Ministère des Sports a mis en place depuis plusieurs années une stratégie visant à promouvoir le développement de la pratique sportive pour tous les publics. Il impulse une politique d’aide aux fédérations, ligues, comités et clubs accueillant les publics défavorisés dont les objectifs sont les suivants.
Il s’agit de :

  • développer les activités physiques et sportives pour les publics qui en sont les plus éloignés et qui connaissent des difficultés d’accès pour des raisons économiques et sociales, géographiques ou physiques
  • d’aider les jeunes issus des quartiers sensibles, et en mettant l’accent sur la situation des jeunes filles et des femmes
  • s’appuyer en priorité sur les associations sportives, dont l’activité doit permettre d’encourager la mixité sociale s’inscrivant dans une démarche éducative et sociale construite, en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux, et, notamment, les collectivités territoriales.
  • d’encourager la pratique sportive encadrée des pré-adolescents et adolescents, qui constitue pour eux un apport en termes de sociabilité, de construction de la personnalité et la consolidation d’une éthique personnelle et collective.

Cela se traduit par les aides aux associations sportives qui sont versées par les fédérations au titre des conventions d’objectifs signées entre le Ministère des Sports et les fédérations sportives.

3. Les actions menées par l’Etat : les ressources du Pôle Education et insertion par le sport1 (PRN SEMC)

Implanté sur le site d’Aix-en-Provence du CREPS PACA, le PRN SEMC est le fruit de la fusion des PRN Sport, famille et pratiques féminines et Sport, éducation, insertion.
Cette nouvelle identité a pour objectif de faire vivre un outil performant de mutualisation, de conseil, d’expertise et de formation, non seulement en direction des établissements et des services déconcentrés du Ministère chargé des sports, mais également des fédérations et associations sportives, des collectivités locales et de toutes les structures investies sur ces thématiques. L’action du pôle s’inscrit dans le cadre de la politique volontariste et durable du ministère en faveur du développement du sport pour le plus grand nombre, en particuliers en direction des publics les plus éloignés de la pratique sportive et pour une meilleure prise en compte de la diversité dans le sport.
Le pôle joue un rôle d’animation et de coordination dans les domaines comme le développement des pratiques physiques et sportives féminines, la promotion de l’accès des femmes aux fonctions de responsabilités associatives et techniques mais aussi ’éducation et l’insertion par les activités physiques et sportives.

L’objet de la mission « éducation et insertion » par le sport est multiple :

  • accompagner la reconnaissance du sport comme outil d’éducation et d’insertion
  • faire reconnaitre la nécessité d’une approche technicienne
  • produire des outils techniques et méthodologiques, permettant à l’ensemble des acteurs de mieux exprimer leur savoir-faire.

Un exemple : « le plan citoyens du sport »

A l’issue du Comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté, le Premier ministre a rappelé la place et le rôle essentiel du sport2 dans le plan « Égalité et citoyenneté » du gouvernement : « Du sport, parce que c’est par lui que dès le plus jeune âge, chacun fait l’expérience concrète des valeurs de solidarité, d’entraide et de tolérance mais aussi de l’effort, du dépassement de soi. Nous allons bâtir, avec nos partenaires, les fédérations sportives, des plans « Citoyens du sport ». Nous accompagnerons pour cela la création et la pérennisation d'emplois dans les clubs, au plus près de nos quartiers. »
Le sport (comme la culture) a ainsi été défini comme un des outils majeurs d’intégration.
C’est pour mobiliser l’ensemble du monde sportif que le Comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté a décidé la mise en place d’un plan national « Citoyens du sport »
Le sport est un formidable outil éducatif, de mixité sociale, porteur de valeurs de fraternité et de respect. Les événements sportifs, dont les sportifs eux-mêmes sont les ambassadeurs, sont autant d’opportunités de mettre en valeur une identité commune autour de rassemblements populaires.
En renforçant l'accès à la pratique sportive des jeunes qui en sont le plus éloignés et en leur permettant une pratique éducative, régulière et encadrée au sein des clubs sportifs, le programme « Citoyens du sport » compte favoriser l’éducation des plus jeunes et contribuer à la mixité sociale et de genre.
La démarche « Citoyens du sport » consiste à garantir que le sport joue effectivement un rôle fort et concret dans l’éducation à la citoyenneté et au vivre ensemble, mais aussi dans l’emploi, la formation, l’insertion, et dans une restructuration des territoires autour d’équipements favorisant la mixité sociale
Les mesures envisagées :
Les associations sportives conduisent déjà des actions éducatives, sociales et citoyennes. Aussi, il s’agit de mieux les accompagner dans leur action quotidienne de proximité, en particulier auprès des populations sensibles dans les quartiers. La structuration des associations sportives par la professionnalisation de l’encadrement technique garantit l’efficience de l’action éducative et sociale.

Comment ?

  • créer 400 emplois supplémentaires d’éducatrices et éducateurs sportifs (dont 300 en 2015) aidés par le CNDS à hauteur de 18 000 euros, au sein des clubs situés dans les quartiers de la politique de la ville. 2,7 millions d’euros y seront consacrés dès 2015. Cette mesure s’ajoute aux 1 000 emplois d’éducateurs sportifs à créer de 2015 à 2017 dans les quartiers de la politique de la ville. ( mesures 2015)
  • former 1500 jeunes aux métiers du sport : cette mesure intitulée SESAME vers l’Emploi dans le Sport et l’Animation pour les Métiers de l’Encadrement permettra d’accompagner, dans le cadre d’un parcours personnalisé vers un emploi dans le sport, des jeunes de 16 à 25 ans rencontrant des difficultés d’insertion sociale et/ou professionnelle et résidant au sein d’un quartier politique de la ville ou d’une zone de revitalisation rurale. Une enveloppe de 0,6 millions d’euros sera mobilisée.
  • les fédérations sont des acteurs majeurs de la politique sportive. Elles doivent se doter de moyens et d’outils pour développer et valoriser les actions citoyennes en leur sein. L’accompagnement du club par les fédérations est essentiel, il est un levier pour le développement des pratiques et la formation des acteurs qui garantit une intervention éducative et sociale de qualité. Mettre en place un plan « Citoyens du sport » dans chaque fédération pour promouvoir la citoyenneté, pour permettre de mieux prendre en compte les valeurs citoyennes dans la formation des bénévoles (dirigeants, encadrants) et salariés.
  • mobiliser les conseillers techniques sportifs sur la mise en œuvre du plan « Citoyens du sport »
  • mettre en place des actions d’animation concertées autour des grands événements sportifs et du sport de haut niveau. Les événements sportifs sont autant d’opportunités de mettre en valeur une identité commune, un rassemblement populaire. Ils regroupent une population importante autour d’un sport et d’un territoire, et peuvent donc, eux aussi, valoriser la citoyenneté et l’engagement de la population.

4. Les actions des associations : l’Agence pour l’Education par le Sport et « Fête le mur, le tennis contre l’exclusion »

De nombreux dispositifs ont été mis en place par des associations nationales comme :

  • L’Agence Pour l’Education par Le Sport et son appel à projet « Fais nous rêver » (APELS)

Créée en 1996, l’Agence pour l’Education par le Sport est une association loi 1901 engagée, indépendante et apolitique dont la mission est de développer l’éducation par le sport et de participer à l’innovation sociale afin de créer une société plus juste et solidaire.
Depuis 18 ans, l’Agence pour l’Éducation par le Sport a identifié, soutenu et accompagné plus de 6500 initiatives qui sont des réponses éducatives efficaces pour former les jeunes et leur permettre de s’insérer professionnellement, d’améliorer leur santé mais aussi, tout simplement, de croire en leur avenir.
Pionnière, l’Agence a lancé et fédéré le mouvement de l’éducation par le sport « Fais-nous rêver », regroupant tous les acteurs du sport, de l’éducation et de la jeunesse des secteurs associatifs, publics et privés, en France et à l’international.
De plus en plus de personnes sont fragilisées car la société semble démunie pour leur assurer éducation, insertion sociale et professionnelle. L’agence défend l’idée précieuse que le sport est "social et citoyen", que son rôle est d'alerter les décideurs et les institutions sur leur responsabilité sociétale.
L’association apporte et propose des réponses actives et militantes par le sport qui permettent de fédérer les forces autour d’un projet collectif d’éducation et d’insertion sociale et professionnelle. Le sport donne en effet bien souvent accès, à côté de la famille et de l’école, à des lieux d’apprentissage des valeurs de solidarité, d’entraide et d’engagement.
D’où l’idée d’utiliser le sport comme un outil pour créer des espaces non seulement de convivialité, de rencontres et d’échanges, mais aussi d’éducation, d’insertion, de renforcement du lien social et de promotion de la santé.
L’ambition de l’Agence pour l’Éducation par le sport est d’accompagner tous les jeunes laissés « sur le bord de la route » en favorisant leur insertion professionnelle et sociale, afin de leur donner confiance en eux-mêmes et de les aider à croire en leur avenir grâce au sport. A sa création, Jean-Philippe Acensi, Nathalie Rosell et Jean-Claude Perrin, ses trois fondateurs, rêvaient de mettre en lumière la dimension sociale et éducative du sport, portée par des milliers d'anonymes en France.

A consulter : Rapport activité 2015 - Agence pour l'Éducation par le Sport www.educationparlesport.com/new/wp-content/uploads/2016/10/RA2015BD.pdf

  • educationparlesport.com › Pour les Collectivités
  • http://www.educationparlesport.com/new/wpcontent/uploads/2016/01/EducationparlesportVilles.pdf
  • Le mouvement « Fais-nous rêver » représente le premier réseau des acteurs de l’éducation par le sport en France et dans le monde. Depuis 18 ans, ce mouvement regroupe les acteurs de terrain (associations, collectivités, fédérations, clubs sportifs, entreprises) qui ont la conviction que le sport favorise l’insertion, améliore la santé, développe le lien social et contribue au vivre-ensemble. Au fil des années, ces acteurs de terrain ont mis en œuvre de très beaux projets d’éducation et d’insertion par le sport, que l’association a mis en lumière à travers le Concours « Fais-nous rêver-Fondation GDF SUEZ ». Elle a ensuite contribué à pérenniser ces démarches en accompagnant et formant les porteurs de projet au sein de l’École « Fais-nous rêver-Fondation GDF SUEZ ». Les lauréats du mouvement « Fais-nous rêver » sont aujourd’hui des modèles pour de nombreux acteurs de terrain qui souhaitent à leur tour impulser une dynamique d’éducation, de resocialisation ou d’insertion par le biais de la pratique sportive au sein de leur structure (association, collectivité, entreprise).

Un exemple3 :
En plein cœur de la Vallée du Plastique, la Ville d’Oyonnax est plus connue pour ses rugbymen de l’Union Sportive Oyonnax rugby qui évoluent en Top 14, que pour son club de football.
Et pourtant, l’Oyonnax PLASTICS VALLEE FOOTBALL CLUB (PVFC) est un club pour le moins atypique. Rassemblant quatre clubs qui ont mutualisé leurs moyens, le PVFC est un club social qui participe à l’épanouissement et au développement de ses licenciés. Il a créé et façonné un programme nommé INSERFOOT, destiné à l’ensemble de ses licenciés, mais aussi à des publics qui ne font pas partie du club.
INSERFOOT, c’est d’abord le constat social d’un territoire en proie à des difficultés économiques, dans lequel le chômage augmente, et qui connaît un grand nombre de non-diplômés. Comment faire pour que les difficultés personnelles ne s’immiscent pas dans  la vie du club ?
C’est pour répondre à cette problématique qu’INSERFOOT  a été mis en place, autour de quatre axes forts : l’accompagnement professionnel, social, éducatif et scolaire.
L’accompagnement professionnel est destiné aux jeunes de 16 à 25 ans déscolarisés ou désorientés. Après avoir défini un projet personnel, les jeunes sont dirigés vers des organismes partenaires, effectuent des ateliers pour améliorer leur CV et des simulations d’entretiens d’embauche. Le club effectue un véritable suivi, en proposant des formations adaptées et en mettant en relation un réseau d’entreprises et ses joueurs.
L’accompagnement scolaire agit sur les écoliers, collégiens et lycéens. L’objectif est de lutter contre le décrochage scolaire, par un dialogue permanent avec les établissements scolaires. Le club passe un « contrat moral » avec les jeunes licenciés et leur propose une aide aux devoirs, au sein même des structures du PVFC.
L’accompagnement éducatif permet aux jeunes filles des écoles primaires d’avoir un premier contact avec le sport et le football, notamment grâce à des initiations en milieu scolaire. Son objectif est de promouvoir le football féminin, mais aussi de lutter contre les discriminations dont sont victimes les jeunes filles. Pour cela, le club a mis en place des équipes féminines et utilise des formations fédérales et internes pour former ses futures dirigeantes.
Enfin, l’accompagnement social s’adresse à un public non-licencié, pour agir contre l’éloignement de la pratique du football. Ainsi, le club organise de nombreux tournois, ouverts à tous, et réserve des places, au sein de ses équipes, aux jeunes en difficultés suivis par des centres sociaux, mais aussi aux personnes handicapées.
L’Oyonnax plastics vallée football club agit à 360 degrés. Loin de se contenter d’encadrer et d’organiser la pratique du football, il s’est placé au centre et fédère autour de lui tous les acteurs de l’éducation (écoles, centres sociaux, associations de quartiers, entreprises, partenaires) afin que ses licenciés puissent se construire à la fois sur le terrain et en dehors.
Les Trophées des Collectivités est un concours également organisé par l’Agence pour l’Éducation par le Sport à destination des villes et des collectivités locales qui mettent en œuvre des actions d’éducation et de cohésion sociale par le sport.
L’objectif de ce concours est de mettre en avant les politiques sportives territoriales les plus innovantes et les plus porteuses sur les thèmes suivants :

  • Éducation, prévention et citoyenneté
  • Égalité des chances et lutte contre les discriminations
  • Intégration des personnes handicapées
  • Insertion professionnelle
  • Solidarité internationale
  • Santé

En 2013, l’Agence pour l’Éducation par le Sport a décidé d’étendre son mouvement à l’international en organisant le Forum Educasport Monde à Paris, afin de mettre en lumière des projets d’éducation par le sport mis en œuvre aux quatre coins de la planète.
La mondialisation révèle en effet des problématiques communes aux villes du monde entier : pauvreté, crises sociales, décrochage scolaire, exclusion, problèmes de santé, etc. Et comme en France, partout dans le monde, des acteurs de terrain se mobilisent quotidiennement en utilisant le sport comme un outil pour y faire face.
L’ambition de l’Agence, en dépassant les frontières, demeure la même : diffuser les bonnes pratiques, réfléchir ensemble sur l’approche novatrice de projets, créer des liens de solidarité et d’amitié entre les acteurs.

« Fête le Mur : le tennis contre l’exclusion »
Yannick Noah a eu la chance d'être un jour repéré par Arthur Ashe, alors en tournée au Cameroun. Cette rencontre a marqué le début de sa carrière tennistique. Après avoir été joueur, puis entraîneur, ce joueur a voulu transmettre à son tour sa passion du tennis aux jeunes des quartiers défavorisés, n'ayant guère accès à ce sport pour des raisons essentiellement sociales et économiques. Lui qui s'était entraîné pendant des milliers d'heures face au mur d'entraînement a voulu détourner l'image traditionnelle du mur de béton des banlieues, obstacle hostile, pour en faire un mur ludique, partenaire infatigable et moyen d'évasion. En 1996 il crée Fête le Mur avec Séverine Thieffry. L’idée première de l’association : permettre aux enfants des cités d’avoir la possibilité de jouer au tennis gratuitement.
Quelques objectifs :

  • initier les enfants à la pratique du tennis,
  • favoriser la mixité sur le terrain de sport dès le plus jeune âge,
  • permettre aux enfants de s'épanouir et de vivre ensemble dans un esprit solidaire et citoyen,
  • favoriser l'accès à une formation professionnelle et au haut-niveau pour les plus motivés

19 années plus tard Fête le Mur est présente dans plus de 30 Zones Urbaines Sensibles en France et permet aux enfants de ces quartiers de pratiquer le tennis, de se perfectionner dans ce sport, guidés par des équipes professionnelles et des entraîneurs de tennis diplômés.
Outre la simple initiation au tennis, « Fête le Mur » a développé ces dernières années d’autres activités, et ce dans l’optique, toujours, de faciliter l’épanouissement des jeunes de l'association. Ainsi les volets d’accompagnement à la compétition, d’aide à la formation professionnelle, d’initiation à l’arbitrage, d’ouverture à la culture viennent étayer l’idée première de « Fête le Mur » : donner les moyens aux enfants des cités de réaliser des projets qui leur tiennent à cœur.
« Fête le Mur » c’est :

  • Près de 3500 enfants qui jouent au tennis dans les cités
  • Près de 2600 enfants licenciés à la FFT
  • Plus de 800 enfants intégrés à un club local affilié FFT
  • 30 éléments suivis dans le cadre du Projet Espoir Compétition
  • Une centaine d'enfants qui se sont passionnés pour l'arbitrage
  • Près de 50 arbitres diplômés ou en passe d'obtenir le diplôme
  • Près de 100 jeunes qui ont passé le CQP-AMT, un BAFA ou un Diplôme d'État avec le soutien de l'association

Par ailleurs, les ligues, comités départementaux ou clubs sportifs participent également à ces actions grâce à la mobilisation de la part régionale du CNDS. L’Etat souhaite porter plus particulièrement ses efforts sur les « têtes de réseaux » capables de fédérer les initiatives et mutualiser les compétences.
Les projets à caractère territorial doivent favoriser l’accès des publics qui rencontrent des difficultés particulières et réduire les inégalités des territoires. Une attention particulière est portée aux projets associatifs en direction des populations vivant dans les quartiers populaires classés en zone urbaine sensible (ZUS) ou en milieu rural. Les directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale et les directions départementales interministérielles accompagnent les associations sportives sur le plan technique et pédagogique, dans la réalisation et l’évaluation de leurs projets.
Finalement, les activités proposées par les associations sportives et financées par le CNDS permettent d’encourager la mixité sociale à partir d’une démarche éducative et sociale construite en partenariat avec les collectivités territoriales et le mouvement sportif.

5. Le dispositif « ville-vie-vacances »

Mis en place en 1981 sous la dénomination « opérations anti été chaud », « Ville Vie Vacances (VVV) » est un programme qui a pour objectif de permettre aux jeunes âgés de 11 à 18 ans et résidant principalement dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) d’accéder à des activités culturelles, civiques, sportives et de loisirs et de bénéficier d’une prise en charge éducative pendant les vacances scolaires.
Chaque année, ce sont 400 000 jeunes, dont 75 % issus des QPV, qui bénéficient de ce programme, mis en œuvre dans 93 départements.
Les opérations Ville vie vacances (VVV) s’adressent à des pré-adolescent(e)s et adolescent(e)s en difficulté qui peuvent alors bénéficier d’un accès à des activités de loisirs et d’une prise en charge éducative durant les différentes périodes de vacances scolaires.
Un partenariat est formalisé avec les services de l’agence de la cohésion sociale et le secrétariat général à la ville. Le ministère en charge du sport participe aux travaux du comité national de suivi et, à ce titre, à la rédaction de la circulaire annuelle. Les directions départementales interministérielles, assurent, au niveau local le secrétariat et le suivi.

  • Le programme « Ville Vie Vacances » poursuit en effet divers objectifs (accès à des activités culturelles, sportives et de loisirs) et s’adresse aux jeunes âgés de 11 à 18 ans, en difficulté, dans des sites sensibles.
    L’agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (l’ACSE) est chargée de mettre en œuvre les orientations gouvernementales en matière de politique de la ville, de lutte contre les discriminations et d’égalité des chances.
  • Pour 2015 les orientations du programme évoluent en raison de la prise en compte de la politique de la ville et de la géographie prioritaire. Le soutien des actions financées dans ce cadre devront s’inscrire exclusivement dans le cadre des nouveaux contrats de ville. Les actions soutenues répondent à une logique éducative culturelle et sportive. La mixité sera renforcée en visant l’objectif de 50% de jeunes filles parmi les bénéficiaires.

Le sport est une activité qui favorise la mixité sociale. On s’y côtoie librement quelle que soit son origine, sa position, son âge. À cet égard, la principale force du mouvement sportif réside dans la dimension de son institution associative, solidaire entre les membres et entre les pratiques.

6. Le sport dans les quartiers

Historiquement les politiques municipales étaient structurées autour de la gestion des équipements sportifs et sur l’attribution des subventions ; mais depuis les émeutes urbaines des années 1980, les élus font face à des situations sociales tendues. Les demandes des habitants sont en décalage avec les propositions des clubs sportifs traditionnels et les éducateurs sportifs municipaux face à des missions auxquelles ils n’avaient pas été forcément préparés (problèmes de comportements, jeunes en échec, addictions). Pour autant du côté des clubs seuls des objectifs chiffrés / compétitions et au nombre de licenciés permettent d’être reconnus par la municipalités.

Or comment faire pour que le sport puisse devenir un outil d’intervention sociale et éducatif efficace dans les quartiers populaires ?

Une politique municipale d’éducation par le sport doit répondre à des défis sociaux en prenant appui sur les ressources du territoire, en donnant du sens aux actions menées en concertation, et en réajustant de manière permanente les dispositifs mis en œuvre.

L’APELS a structuré et organisé des démarches spécifiques quant à cette problématique pour chaque ville afin de soutenir les acteurs locaux dans des configurations qui peuvent être multiples. Sans cette individualisation, l’expérimentation sociale ne peut aboutir.

C’est la raison pour laquelle un certain nombre d’élus, de directeurs généraux, d’éducateurs, tentent de trouver des solutions en se rencontrant pour organiser des innovations sociales par le sport : ce sont des moments où tous les acteurs prennent du recul et s’enrichissent des pratiques professionnelles des autres, et quelquefois peuvent être formés sur des questions de santé, d’insertion par le sport, du management.

Enfin dans « développer et insérer nos quartiers par le sport » extrait rapport Borloo « vivre ensemble, vivre en grand », le sport est présenté comme un vecteur du développement de valeurs comme le dépassement de soi, le respect des règles, la confiance en soi. Ce plan voudrait que chaque fédération mette des moyens concrets dans les QPV (augmentation du nombre de pratiquants, d’emplois créés).

A lire:

  • « étude sur l’intégration dans le sport fédéral des jeunes publics des quartiers prioritaires de la politique de la ville à Clermont-Ferrand », extraits de la Synthèse du rapport d’enquête, Janvier 2017.

Quelques idées développées dans ce rapport : au regard d’une enquête très fouillée concernant les jeunes publics des quartiers prioritaires de la ville de Clermont-Ferrand, des préconisations ont été faites en terme d’offre de pratique et de gouvernance. Cela se traduit par une communication appuyée sur ce qui existe en valorisant l’image des QPV (figures sportives locales, micro évènements, adultes relais, partenariat avec des établissements scolaires). Il s’agit aussi de s’appuyer sur l’offre mais la rendre plus performante en proposant des formations aux dirigeants, en travaillant avec les acteurs locaux du foot et du rugby, attractifs au niveau local.

Il sera important d’introduire de nouvelles offres de pratiques urbaines qui ont du succès auprès des jeunes et en particulier ceux des quartiers et de proposer des évènements récurrents selon les quartiers. Enfin un travail de reconnaissance sera effectué pour valoriser les acteurs via les médias locaux, via des labels pour les clubs en partenariat avec les clubs des quartiers.

  1. ^ Pole ressources « sport, éducation, mixité citoyenneté. » Ministère de la ville, de la jeunesse et des sports
  2. ^ Mai 2015
  3. ^ Source : APELS
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